Les salaires des hauts responsables des grandes entreprises publiques suisses continuent de susciter l’intérêt et les débats. En 2024, les salaires des directeurs des principales entreprises de la Confédération sont restés relativement stables, mais restent élevés.
Certains dirigeants, comme ceux de La Poste ou des CFF, ont vu leurs rémunérations globales dépasser le million de francs. Ces chiffres soulignent des écarts significatifs entre les dirigeants et les employés de base, soulevant ainsi des questions sur l’équité salariale et la responsabilité des institutions publiques vis-à-vis des contribuables.
Des salaires qui dépassent le million pour certains patrons
En 2024, les directeurs de La Poste et des CFF continuent de dominer le classement des rémunérations les plus élevées dans les entreprises publiques suisses. Roberto Cirillo, l’ex-directeur de La Poste, a perçu un salaire brut de 824 641 francs, similaire à celui de l’année précédente, selon Watson. Ce montant n’inclut cependant pas les cotisations de l’employeur aux assurances sociales et la prévoyance professionnelle, ce qui fait que sa rémunération globale dépasse le million de francs. Vincent Ducrot, le directeur des CFF, arrive juste derrière, avec un salaire de 778 704 francs, soit une augmentation modeste de 2 500 francs par rapport à l’année 2023. Lui aussi bénéficie d’une rémunération totale qui franchit le cap du million grâce aux cotisations sociales et à la prévoyance.
Ces salaires sont loin des standards du salaire moyen en Suisse, où le revenu médian est nettement inférieur. L’écart de rémunération entre les hauts dirigeants et les employés de base de ces institutions publiques soulève des interrogations sur la justice sociale et la légitimité de tels montants, notamment dans le contexte des services publics, où l’on attend des résultats sans nécessairement rechercher une rentabilité maximale. Ces rémunérations élevées font d’autant plus parler dans une société où les inégalités de revenus font régulièrement l’objet de discussions.
Le patron de Postfinance, Beat Röthlisberger, a lui aussi touché un salaire relativement élevé de 541 374 francs pour ses premiers mois à la tête de l’entreprise, débutant en juillet 2024. Comparé à ses homologues, il semble nettement en retrait, mais il s’agit d’une rémunération plus que correcte dans le cadre des entreprises publiques suisses. Pour sa part, le directeur de la Suva a perçu environ 650 000 francs, un salaire également supérieur à la moyenne des salaires en Suisse, bien que nettement inférieur à celui des grands dirigeants des CFF ou de La Poste.
Une question de transparence et d’équité salariale
Les rémunérations élevées des dirigeants des entreprises publiques soulèvent des préoccupations croissantes concernant la transparence et l’équité salariale, en particulier quand ces institutions reçoivent des fonds publics ou sont financées par des taxes payées par les citoyens. Certaines entreprises, comme la Banque Nationale Suisse (BNS) ou Swisscom, ne sont pas soumises à l’ordonnance sur les salaires des cadres, ce qui complique la comparaison des salaires entre les différentes institutions. En effet, alors que les CFF et La Poste publient des rapports détaillant les salaires de leurs dirigeants, d’autres entreprises publiques comme Swisscom échappent à cette régulation, ce qui nourrit des critiques sur l’absence de transparence.
Ces disparités sont d’autant plus frappantes dans un contexte où les réformes salariales dans le secteur public, et plus largement dans les entreprises de la Confédération, sont devenues un sujet de débat. Les salaires des dirigeants ne cessent d’être comparés avec ceux des employés plus modestement rémunérés, créant ainsi des tensions internes au sein des entreprises publiques. Certaines voix s’élèvent pour remettre en question cette politique salariale, soulignant qu’un plafond devrait être instauré pour éviter des écarts trop importants, surtout dans des secteurs où la mission première est d’assurer un service public.
Un autre aspect qui alimente la discussion est la question de l’équité dans la gestion des ressources publiques. Les salaires des grands patrons des CFF, de La Poste et d’autres entreprises de la Confédération ne reflètent-ils pas un modèle économique où la performance financière prime avant les considérations sociales ? Pour de nombreux observateurs, la question centrale reste celle de l’équilibre entre des rémunérations justifiées par des résultats économiques tangibles et la mission sociale de ces entreprises.








