Depuis quelques années, le nombre de demandes d’aide sociale pour les expatriés suisses a baissé. En 2024, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a enregistré 239 demandes, dont seulement 40 % ont été acceptées. Ce recul s’explique en partie par la double nationalité de nombreux expatriés, qui compliquent l’accès aux prestations helvétiques.
Selon Pierre-Alain Eltschinger, porte-parole du DFAE, la nationalité étrangère d’une grande majorité des Suisses de l’étranger limite leur droit à l’aide sociale, car les autorités suisses privilégient la nationalité helvéthique pour accorder ces aides. Ce phénomène met en lumière la complexité de l’émigration et de l’accès à l’aide dans des pays où les services sociaux sont moins développés ou inexistants, explique Swissinfo.
Les critères d’éligibilité, en effet, sont très précis. Pour bénéficier de l’aide sociale, les expatriés doivent être inscrits au registre des Suisses de l’étranger et prouver que leur nationalité suisse est prépondérante.
Ils doivent également démontrer qu’ils se trouvent dans une situation de détresse financière, après avoir épuisé leurs économies. Ces conditions, jugées parfois trop restrictives, limitent considérablement le nombre de bénéficiaires. Comme le souligne le média helvétique, ce système reste strict et loin d’être accessible à tous, malgré l’augmentation des expatriés âgés ou malades.
Les bénéficiaires : un profil de plus en plus spécifique
Bien que le nombre de demandes d’aide sociale ait diminué, les cas qui parviennent à être acceptés sont souvent des situations complexes, souvent liées à des personnes âgées ou gravement malades.
Celles-ci, après avoir émigré pour un cadre de vie plus doux ou pour des raisons économiques, se retrouvent sans les ressources nécessaires pour subvenir à leurs besoins.
Selon le DFAE, des pays comme la Thaïlande, l’Espagne ou les États-Unis comptent un grand nombre de bénéficiaires, ce qui n’est pas surprenant étant donné que les prestations sociales y sont parfois insuffisantes.
Le profil des bénéficiaires de cette aide tend à refléter des réalités sociales et économiques complexes. Il s’agit souvent de retraités ayant choisi de vivre dans des pays offrant un coût de la vie plus faible, mais qui ne disposent pas d’un soutien social suffisant.
De plus, dans certains cas, la perte d’un emploi ou une maladie grave peuvent contraindre ces expatriés à solliciter l’aide sociale suisse. Toutefois, la réputation de ces bénéficiaires est souvent ternie par des critiques qui les accusent de profiter du système, notamment lors de discussions sur des réformes sociales telles que la 13e rente AVS.
Ces attaques viennent en partie de la perception de certains qu’ils sont responsables de leur situation, un aspect fréquemment ignoré dans les débats publics.
Le remboursement : une dimension souvent négligée
Une fois l’aide accordée, la question du remboursement se pose. Les expatriés doivent restituer les sommes perçues si leur situation financière s’améliore. Selon les informations fournies par le Département des Affaires étrangères, cette obligation de remboursement est souvent ignorée.
Pourtant, la loi suisse prévoit un suivi régulier de la situation des bénéficiaires pour vérifier leur capacité à rembourser l’aide reçue. Si la personne ou sa famille parvient à se stabiliser financièrement grâce à une retraite, un revenu ou même un héritage, elle devra rendre l’argent, sans délai ni intérêt.
Les Suisses de l’étranger sont souvent confrontés à des critères de remboursement plus stricts que leurs compatriotes résidant en Suisse. Les autorités suisses procèdent à des évaluations périodiques pour déterminer si ces conditions de remboursement sont remplies.
En cas de retour en Suisse, les remboursements peuvent également être exigés, avec des exigences variables selon les cantons. Le non-remboursement peut aboutir à une procédure judiciaire, bien que dans certains cas, les autorités renoncent à exiger le remboursement si elles jugent les circonstances justifiées. Cette approche est explicitée par le DFAE dans ses directives relatives à l’aide sociale.
Ce système de remboursement soulève des débats, notamment sur la légitimité des demandes. Alors que certains considèrent qu’il s’agit d’une mesure de solidarité, d’autres estiment que la Suisse devrait mieux soutenir ses ressortissants à l’étranger, notamment lorsqu’ils ont cotisé pendant des années à l’AVS et à d’autres assurances sociales.








