Genève : hausse des loyers après un changement de locataire, des augmentations pouvant dépasser 30 %

À Genève, la hausse des loyers après un changement de locataire atteint jusqu’à 30 %, alimentant les tensions sur un marché déjà sous pression.

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Logement Suisse
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À Genève, le départ d’un locataire entraîne souvent une réévaluation significative du loyer du logement. Cette pratique, en forte augmentation ces dernières années, inquiète les associations de défense des locataires qui dénoncent des augmentations atteignant jusqu’à 30 % dans certains cas. 

Le loyer médian pour un appartement de 4 pièces à Genève est aujourd’hui de 2 680 francs suisses, soit une hausse de 18 % en cinq ans. Cette situation s’explique par une pénurie de logements persistante et l’absence d’un cadre légal contraignant pour les nouvelles mises en location.

Des augmentations allant jusqu’à 30 % après chaque départ

D’après une étude de l’Association suisse des locataires (ASLOCA), 70 % des relocations à Genève entraînent une hausse de loyer. Dans 40 % des cas, cette augmentation dépasse 15 % et peut aller jusqu’à 30 % dans les quartiers les plus prisés, comme Champel, Eaux-Vives ou le centre-ville. Les logements anciens ne sont pas épargnés : un appartement de 3 pièces datant des années 1960, dont le loyer était de 1 800 francs suisses, a été remis sur le marché à 2 300 francs suisses sans aucune rénovation.

Les propriétaires avancent plusieurs raisons pour justifier ces ajustements. Selon la Fédération immobilière suisse, les coûts d’entretien des bâtiments ont fortement progressé, notamment avec les nouvelles normes environnementales. Entre 2018 et 2023, les charges liées aux rénovations énergétiques ont augmenté de 27 % en moyenne. Par ailleurs, la demande dépassant largement l’offre, certains bailleurs profitent du contexte pour aligner les loyers sur les prix du marché.

Un marché tendu et une régulation limitée

Avec un taux de vacance de 0,49 % en 2024, Genève figure parmi les villes suisses où l’offre de logements est la plus réduite. Cette rareté accentue la pression sur les locataires, en particulier pour les ménages à revenus moyens et modestes. Selon une étude du Département du Territoire genevois, le loyer médian des nouveaux baux signés en 2023 a progressé de 21 % par rapport à 2019.

Les associations de locataires dénoncent des hausses abusives et réclament des mesures de régulation. L’ASLOCA demande l’instauration d’un plafonnement des hausses de loyers lors des déménagements, comme en Allemagne ou en France. Actuellement, en Suisse, un locataire peut contester un loyer abusif dans les 30 jours suivant la signature du bail, mais cette démarche reste peu utilisée. En 2023, seules 215 plaintes ont été déposées à Genève pour plus de 12 000 nouveaux contrats de localisation.

Face à cette situation, le Conseil d’État genevois affirme surveiller l’évolution du marché immobilier et rappelle l’existence de mécanismes de contestation pour les locataires. Toutefois, en l’absence de régulation plus stricte, les augmentations devraient se poursuivre dans les années à venir, accentuant la précarité de nombreux ménages et la difficulté d’accès au logement.

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