La filière du chauffage à granulés traverse une crise sans précédent en France. Entre la flambée des prix et les tensions d’approvisionnement, les Français, autrefois nombreux à être séduits par cette énergie abordable, boudent le secteur et les producteurs de granulés à bois prévoient une baisse de 50% de leur activité cette année.
Les Français boudent les poêles à granulés cette année, et ils ont raison. Les prix des granulés ont triplé et l'approvisionnement est devenu un défi pour les 1,7 millions de foyers qui se chauffent aux pellets. La filière qui avait connu une croissance à deux chiffres ces dernières années tire la sonnette d’alarme, car cette baisse de régime risque d’avoir de lourdes conséquences sociales et économiques.
Dans ce contexte tendu, le délégué général de Propellet, organisation professionnelle fédérant, les producteurs de granulés bois, a exprimé ses craintes quant aux installateurs et aux professionnels du métier, mais aussi aux industriels qui ont investi dans ce marché et qui se retrouvent avec des stocks des poêles et de chaudières et des usines qui ne tournent plus. « L’année dernière, nous avons installé près de 200 000 poêles à granulés et 42 000 chaudières à bois. Cette année, on arrivera difficilement à atteindre 50 % des objectifs. C’est énorme en termes d’impact sur la filière » a-t-il indiqué.
Ce n’est pas tout ! À l'approche de la saison hivernale, une nouvelle préoccupation émerge. La production de granulés de bois, fortement dépendante de l'industrie du sciage, est confrontée à une menace potentielle en raison d'une baisse significative de la construction de nouveaux logements. Cette diminution des chantiers de construction réduit également la disponibilité de sciure, ce qui impacte la fabrication de granulés de bois.
Le cours des granulés a triplé en une année
Les professionnels de l'industrie estiment qu'il n'y a aucune menace de pénurie à l'horizon. Les stocks sont suffisants et la production satisfait largement la demande en granulés de bois. Le délégué général de Propellet tient à souligner que si une tension se fait ressentir actuellement, elle est principalement due à des prix fermes. Les coûts des matières premières et de production restent à environ 70 % plus élevés par rapport à 2021, et la situation dans le secteur de la construction contribue à maintenir ces prix élevés. Cependant, il insiste sur le fait qu'il n'y ait aucun risque de pénurie, et que la situation est bien gérée.
Il faut rappeler que, même en se rapprochant de la fourchette de prix la plus élevée, le coût des granulés demeure inférieur à ce qu'ont connu les consommateurs en 2022. Eric Vial, qui cherche à améliorer la réputation des granulés, souligne que le prix actuel tourne autour de 450 euros la tonne, comparé à plus de 700 euros l'année précédente. Il insiste sur le fait que les granulés demeurent l'une des sources d'énergie les plus économiques du marché, étant 50 % moins chers que l'électricité et 30 % plus économiques que le fioul. C’est dans ce contexte que la filière a initié une campagne de sensibilisation au cours de l'été, afin de rendre le marché plus transparent pour le grand public, de mettre en avant les avantages indéniables des granulés de bois et de dissiper les idées préconçues.