Des centaines de milliers de retraités ignorent qu’ils peuvent prétendre à une retraite complémentaire versée par l’Ircantec, l’Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités publiques.
Une étude publiée par la Caisse des dépôts indique que près de 440 000 personnes affiliées à l’Ircantec entre 1949 et 1954 n’ont pas fait valoir leurs droits, soit 27,5 % des assurés concernés. Ce phénomène s’explique par les caractéristiques spécifiques de cette population : des carrières courtes, souvent en début de vie professionnelle, avant de rejoindre d’autres régimes.
Ces agents non titulaires ont souvent cotisé pendant une période limitée, parfois seulement quelques années, et à un âge relativement jeune. Ils ont ensuite poursuivi leur carrière dans d’autres régimes comme l’Agirc-Arrco ou la CNRACL, ce qui peut entraîner un oubli ou une méconnaissance de leurs droits à l’Ircantec. En moyenne, les assurés partis à la retraite en 2023 avaient cessé de cotiser à 40 ans et y avaient passé cinq années. Cette situation génère des pertes de revenus mensuels non négligeables pour les personnes concernées.
De 20 à 67 euros par mois pour les retraités : des montants qui s’additionnent sur la durée
Le montant des pensions non réclamées varie selon les durées de cotisation. Pour certains assurés, cela représente environ 230 euros bruts par an, soit un peu plus de 19 euros par mois. Pour d’autres, notamment ceux partis à la retraite en 2023, la somme atteint en moyenne 810 euros par an, soit 67,50 euros par mois. Ces sommes peuvent paraître modestes mais elles s’additionnent sur plusieurs années et peuvent améliorer sensiblement le quotidien des retraités aux faibles revenus.
L’étude montre néanmoins une amélioration progressive. Le taux de non-recours est en baisse : il concernait près de 47 % des affiliés de la génération 1940, contre 26 % pour la génération 1954. Cette baisse est attribuée à la généralisation de l’information retraite depuis 2003 et à la mise en place, en 2019, d’une demande unique de retraite en ligne. Cette réforme simplifie les démarches administratives en regroupant les demandes pour tous les régimes de retraite, qu’ils soient de base ou complémentaires.
Des campagnes d’information ciblées ont également été lancées par l’Union retraite. Entre 2022 et début 2024, 70 000 courriers ont été envoyés à des affiliés nés entre 1945 et 1948, entraînant plus de 18 000 demandes de liquidation. D’autres générations seront contactées progressivement. Malgré ces efforts, une partie des droits reste encore non réclamée, notamment chez les retraités tardifs, qui ne liquident parfois leurs droits qu’à 67 ans ou au-delà.