Les Belges traversent la frontière pour faire leurs achats. À la frontière franco-belge, on assiste souvent à un scénario similaire : des voitures immatriculées de chez nos voisins belges se garent sur les parkings de Carrefour ou Intermarché. Entre 2019 et 2023, il y a eu une augmentation de 42 % des achats transfrontaliers vers la France, d'après Dominique Michel, administrateur délégué de Comeos. Cela correspond à 1,7 milliard d'euros de produits dépensés dans l'Hexagone alors qu'ils devraient être destinés au plat pays.
Une inflation plus faible en France
Sans surprise, la première raison pour laquelle les Belges passent leur frontière pour acheter en France est liée à une inflation plus faible. En effet, les prix sont généralement moins élevés côté français que chez nos voisins belges. C'est particulièrement le cas pour certains produits tels que l'alcool, les cigarettes ou encore les produits alimentaires. Cette différence de prix s'explique notamment par les différentes taxes et régulations qui touchent ces produits dans les deux pays.
Des promotions commerciales plus attractives
En plus des prix plus bas, les consommateurs belges sont également attirés par les promotions offertes par les enseignes françaises. Du côté de la Belgique, la politique du gouvernement a plutôt cherché à limiter l'impact des promotions sur la consommation en redéfinissant les stratégies commerciales depuis janvier 2020. Cette décision a sans doute poussé les Belges à traverser la frontière pour profiter de cette aubaine tarifaire outre-Quiévrain.
Le pouvoir d'achat mis à contribution
L'une des autres raisons qui conduisent nos voisins belges à franchir la frontière est certainement le pouvoir d'achat français, assez élevé par comparaison. Les revenus moyens des Français sont supérieurs à ceux de leurs homologues belges, ce qui incite ces derniers à venir dépenser leur argent chez nous et dans nos supermarchés. Cet écart de pouvoir d'achat se répercute également sur le type de produits achetés : plus nombreux seront les produits issus de marques de qualité du côté français, alors que beaucoup se satisfont de produits d'entrée de gamme moins chers chez eux.
Impacts économiques et environnementaux non négligeables
Du point de vue économique, cette situation est problématique pour la Belgique, puisqu'elle voit une partie importante de son activité commerciale lui échapper au profit de la France. En effet, le secteur de la distribution y représente un poids conséquent, générant plusieurs milliards d'euros de chiffre d'affaires chaque année. La fuite des consommateurs vers les magasins français constitue donc une sérieuse menace pour le secteur belge et ses acteurs locaux.
Les aspects environnementaux sont également en jeu. En effet, les déplacements constants des consommateurs belges vers les magasins français engendrent un surplus de trafic routier et donc une augmentation des émissions polluantes. Cette situation est d'autant plus problématique que l'un des principaux axes traversant la Belgique, l'autoroute E40, connaît déjà une forte congestion aux heures de pointe.
Politiques et solutions pour réduire ces pratiques
De nombreuses interrogations et inquiétudes se posent quant à notre capacité à mettre en place des politiques efficaces pour réduire cette tendance qui voit nos voisins belges venir faire leurs courses chez nous. Dominique Michel préconise notamment de s'attaquer directement aux causes du problème, c'est-à-dire aux écarts de prix et de pouvoir d'achat existants entre les deux pays.
Pour cela, il serait nécessaire de mener une harmonisation des politiques fiscales et sociales européennes, afin de permettre aux consommateurs de bénéficier de conditions d'achat similaires dans chaque pays membre. Si cela peut sembler utopique aujourd'hui, il est indispensable de continuer à questionner ce système économique où la concurrence et les différences réglementaires contribuent à creuser des fossés entre les États membres de l'Union européenne.
Enfin, l'innovation et la mise en place de nouvelles solutions pourrait être l'une des clés pour endiguer ces pratiques, comme par exemple la création de supermarchés belgo-français, où les consommateurs pourraient bénéficier des meilleurs prix des deux côtés de la frontière. Cela permettrait non seulement de soutenir l'économie locale, mais aussi de réduire les déplacements et donc les émissions polluantes liées à ces pratiques transfrontalières.
