Face à l'inflation, une augmentation salariale ne serait pas de refus pour les travailleurs en Belgique. Toutefois, cette mesure pourrait nuire à la stabilité économique du pays, selon l'avis de l'économiste Stijn Baert.
Lors d'une interview relayée par nos confrères de 7sur7, le professeur d'économie du travail (UGent), Stijn Baert, a donné son avis à propos de la proposition d'augmentation du SMIC à 2800 euros. Il estime que cette revalorisation profitera aux « insiders », qui sont les salariés disposant déjà d'un emploi, tandis qu'elle impactera les « outsiders », qui sont les sans-emploi.
En effet, les salariés bénéficieront d'une rémunération plus attrayante, tandis que les jeunes diplômés en quête d'une opportunité de travail se verront privés de celle-ci. De même, l'économiste explique que cette mesure est bénéfique pour les employés déjà installés à leur poste et qui possèdent de nombreuses années d'ancienneté. Mais, a contrario, elle mettra en péril le recrutement des demandeurs d'emploi d'un certain âge sans expérience, considérés comme étant trop onéreux pour les entreprises.
« L’économie est une sorte de cycle. Les personnes qui ont un emploi et gagnent de l’argent ont l’opportunité de le dépenser dans la foulée. Cela fait tourner l’économie, crée des revenus supplémentaires dans d’autres entreprises qui peuvent alors créer de nouveaux emplois. Dans le même temps, si vous rendez l’embauche moins attrayante pour les entreprises, le cycle s’inverse : moins d’emplois, moins de revenus, moins de dépenses et moins de demande de produits », explique Stijn Baert.
Quelle solution pour rehausser le pouvoir d'achat en Belgique ?
Selon l'économiste belge, il existe une autre solution pour aider les citoyens belges à sortir de la précarité financière : la grande réforme fiscale. Car, en équilibrant la fiscalité, les salariés pourraient profiter d'une rémunération plus intéressante grâce à une réduction sur leurs impôts sur le revenu. « Le gouvernement retient beaucoup d’impôts, ce qui rend le coût de la main-d’œuvre élevé », a-t-il avancé. Il estime que l'État devrait revoir le système de rémunération des travailleurs, qui repose sur la situation familiale du salarié.
Celui-ci est peu avantageux pour les employés célibataires ou sans enfants. De même, l'économiste explique que l'économie de la Belgique est l'une des plus ouvertes de l'Europe. Par conséquent, elle repose principalement sur les importations et les exportations. Une hausse du salaire moyen pourrait alors baisser la marge des entreprises, qui seront contraintes, sous l'effet de l'inflation, de licencier ou de mettre au chômage partiel certains de leurs employés.
