H&M et Zara pointés du doigt par la FRC pour des prix jusqu’à 82 % plus élevés en Suisse

Les Suisses paient leurs achats en ligne bien plus cher que leurs voisins. Selon la FRC, certaines marques appliquent des hausses jusqu’à 82 %, une stratégie plus qu’une nécessité économique.

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H&M et Zara pointés du doigt par la FRC pour des prix jusqu’à 82 % plus élevés en Suisse | Econostrum.info - Suisse

La question des prix en Suisse suscite régulièrement des critiques, notamment en raison des écarts importants constatés avec les pays voisins. L’enquête de la FRC s’attarde sur le secteur du commerce en ligne et met en évidence des pratiques tarifaires qui défavorisent systématiquement les consommateurs suisses. Ce phénomène concerne principalement le secteur de la mode, mais s’étend également à d’autres industries comme l’ameublement et l’électroménager.

Cette problématique s’inscrit dans un contexte plus large de protection des consommateurs en Suisse. Bien que le géoblocage soit en théorie interdit, les enseignes contournent cette restriction en empêchant les Suisses de commander sur leurs sites étrangers. De plus, les mesures prises par les autorités jusqu’à présent ne semblent pas avoir eu d’effet concret sur la réduction des écarts de prix.

Des écarts de prix marqués dans la mode et le commerce en ligne

Selon l’enquête de la FRC, relayée par 20 Minutes, les Suisses paient en moyenne 35 % de plus pour leurs achats en ligne que les consommateurs des pays voisins. Ce chiffre cache des disparités importantes selon les secteurs. Dans la mode rapide, les prix suisses sont supérieurs de 50 % à ceux de la France et de 46 % à ceux de l’Allemagne.

H&M et Zara apparaissent comme les enseignes où ces écarts sont les plus prononcés. La FRC a relevé une différence de 82 % sur certains articles de H&M et de 76 % chez Zara. Ces majorations ne semblent pas liées uniquement aux coûts d’exploitation, bien que les loyers commerciaux en Suisse soient plus élevés. Pour la FRC, ces écarts « restent peu justifiables ».

Interpellées sur ces écarts de prix, les enseignes avancent des explications différentes. Contacté par 20 Minutes, H&M affirme que ses prix « reflètent le niveau de prix local de chaque marché, en tenant compte des variations des taxes locales, du niveau général des coûts et des variables externes locales ». Zara, de son côté, évoque un positionnement commercial homogène, tout en précisant que ses tarifs sont définis selon « l’analyse comparative sectorielle » et le pouvoir d’achat local.

Une politique tarifaire qui s’étend à d’autres secteurs

Si la mode rapide est particulièrement touchée, d’autres secteurs appliquent également des hausses de prix pour le marché suisse. L’enseigne de vente en ligne Zalando facture ses articles en moyenne 35 % plus cher en Suisse que dans d’autres pays européens.

L’électroménager et les jeux vidéo affichent aussi des majorations, tout comme l’ameublement. La FRC note que les prix pratiqués par Ikea en Suisse sont systématiquement plus élevés. L’enseigne suédoise justifie ces écarts en expliquant que ses tarifs sont « adaptés au pouvoir d’achat des consommateurs plutôt que sur la base des coûts réels de la société ».

Toutefois, certaines marques de produits électroniques échappent à cette logique. L’enquête de la FRC, cite Apple et Dyson comme des exemples de fabricants appliquant une politique tarifaire plus cohérente entre la Suisse et l’étranger. Dans certains cas, leurs produits sont même vendus à un prix inférieur sur le marché suisse.

Un cadre légal inefficace face au géoblocage et aux prix élevés

Bien que le géoblocage soit interdit en Suisse, de nombreuses enseignes contournent cette règle en empêchant les clients suisses de commander sur leurs plateformes étrangères. Un consommateur suisse peut par exemple voir un jean affiché à 50 euros sur le site français de Zara, mais ne pourra pas le commander. Il sera redirigé vers le site suisse de l’enseigne, où le même article sera proposé à 70 francs.

Face à cette situation, la FRC a interrogé les autorités pour savoir quelles mesures pourraient être envisagées. Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de l’organisation et conseillère nationale écologiste, a questionné le Conseil fédéral sur le sujet. Selon les autorités, aucune mesure isolée ne permettrait de réduire ces écarts de prix de manière significative.

L’année dernière, la Suisse a supprimé les droits de douane sur les produits industriels afin de favoriser une baisse des prix. Toutefois, selon les informations relayées par 20 Minutes, un suivi est en cours pour évaluer l’impact réel de cette réforme, et les résultats ne seront connus que l’an prochain.

En attendant, la FRC appelle les consommateurs à réagir. L’organisation estime que les clients suisses disposent de peu de moyens d’action, mais peuvent exprimer leur mécontentement en privilégiant les enseignes qui appliquent des prix plus équitables.

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