La Poste suisse avait initialement prévu une nouvelle augmentation de ses tarifs pour 2026, dans le but de compenser la baisse continue de ses recettes dans le secteur du courrier. Cette stratégie, qui aurait représenté la troisième hausse depuis 2022, a toutefois été freinée par une décision du Surveillant des prix.
Ce dernier a estimé que les bons résultats financiers de l’entreprise en 2024 ne justifiaient pas une nouvelle revalorisation tarifaire globale. Le prix du courrier restera donc stable l’an prochain, même si les clients ne seront pas totalement épargnés.
Courrier stable, mais colis plus chers : un compromis avec Monsieur Prix
Confrontée à la baisse structurelle des volumes de courrier, La Poste suisse ambitionnait, une fois encore, d’augmenter ses prix à compter du 1er janvier 2026. L’entreprise publique estimait que cette hausse était nécessaire pour faire face à la montée continue des coûts du service universel, chiffrés à plus de 360 millions de francs suisses. Elle projetait ainsi de générer jusqu’à 70,9 millions de francs d’économies grâce à une nouvelle grille tarifaire.
Toutefois, le Surveillant des prix, autorité indépendante chargée de prévenir les hausses excessives, est intervenu. Dans son communiqué publié le jeudi 8 août, il a reconnu les défis économiques que traverse La Poste, notamment la chute du courrier papier et la baisse des transactions aux guichets. Il a néanmoins jugé qu’une nouvelle hausse ne se justifiait pas à court terme, citant le bénéfice net de 324 millions de francs réalisé par La Poste en 2024, soit 70 millions de plus que l’année précédente, indique Watson.
En conséquence, les tarifs du courrier resteront inchangés pour l’année 2026. En revanche, certaines prestations subiront tout de même des hausses ciblées. Le prix des colis Economy va augmenter de 50 centimes : un envoi jusqu’à 2 kg passera de 8,50 à 9 francs, et un colis de 2 à 10 kg sera facturé 12 francs au lieu de 11,50. Les envois internationaux de marchandises et de documents seront également concernés par une augmentation, tout comme les courriers publicitaires adressés et non adressés, dont le prix grimpera de 3 centimes.
La Poste a toutefois prévu des mesures d’accompagnement pour atténuer l’effet de ces hausses. Entre décembre 2025 et février 2026, les clients qui affranchiront au moins un colis via l’application mobile ou le site internet de La Poste recevront un bon de 5 francs, valable en ligne pour toute offre postale jusqu’à fin 2026. Il s’agit d’un incitatif visant à encourager l’utilisation des canaux numériques, moins coûteux pour l’opérateur.
Une rationalisation du réseau et des prestations en arrière-plan
En parallèle de cette révision tarifaire partielle, La Poste poursuit ses efforts d’optimisation logistique. L’une des mesures notables annoncées pour 2026 concerne la modification des horaires de levée dans le réseau de boîtes aux lettres publiques. Désormais, environ 700 des 14 000 boîtes aux lettres réparties sur le territoire suisse seront relevées plus tôt dans la journée, durant les tournées de distribution matinales.
Cette rationalisation vise à réduire les trajets supplémentaires, donc les coûts, tout en tenant compte de la baisse d’utilisation de ces infrastructures. La Poste explique que ces boîtes sont de moins en moins sollicitées par les particuliers, du fait de la dématérialisation croissante des communications. Elle précise que cette adaptation permet de maintenir une présence homogène sur le territoire, tout en assurant une utilisation plus efficiente de ses ressources.
L’accord trouvé avec le Surveillant des prix permet à La Poste de mettre en œuvre des mesures représentant seulement 20,8 millions de francs d’impact économique en 2026, bien en deçà de ce qu’elle avait initialement prévu. Cela signifie que l’entreprise devra probablement ouvrir de nouvelles négociations pour les années postérieures à 2026, si elle souhaite ajuster davantage ses tarifs.
Selon les propos relayés par l’entreprise elle-même, elle ne répercute pour le moment qu’une « part marginale » de la hausse de ses charges sur les clients. Mais elle continue d’insister sur le fait que l’équation économique devient de plus en plus difficile à équilibrer, alors que le modèle du service universel est soumis à des tensions structurelles.








