« Ici commence le pays de la résistance agricole », pouvait-on lire sur une banderole scandée dans la A64, à Carbonne, près de Toulouse. Il s'agit du campement des agriculteurs qui dénoncent des conditions qui, selon eux, sont indécentes pour des citoyens français qui produisent des produits d'excellence et de qualité, mais qui n'arrivent toujours pas à voir le bout du tunnel, même avec un taux d'inflation relativement stable par rapport aux mois passés. L'inflation est-elle en défaveur de cette tranche de la société française ?
Des rémunérations insuffisantes
Déterminés à se faire entendre, les agriculteurs français occupent l'autoroute depuis trois jours. Même si ce mouvement a causé certains désagréments, les agriculteurs impliqués considère que cette manifestation est la seule solution pour faire éventuellement évoluer leur situation. C'est le cas de Nicolas Suspene, un agriculteur de 44 ans et maire du petit village de Saint-Elix-Séglan, qui a assuré à L'OBS : « Ça ne nous plaît pas d’embêter les gens, mais comment se faire entendre autrement ? »
Les revendications sont multiples : hausse des charges, interdiction de pesticides autorisés ailleurs, sentiment d’être écrasés par des normes jugées excessives, concurrence des produits ukrainiens... Les agriculteurs ont également soulevé le point qui les a le plus impactés, à savoir des marges et des rémunérations trop modestes, voire insuffisantes pour le travail qu'ils fournissent. Europe 1 a rappelé, dans ce cadre, que le revenu net de la branche agricole a baissé de 40 % en 30 ans.
« L’inflation ne profite pas aux agriculteurs »
Invité de France info, dimanche 21 janvier, le premier vice-président de la FNSEA, Jérôme Despey, a assuré que « L’inflation ne profite pas aux agriculteurs ». « Nous avons toujours les prix les plus bas et ce n’est absolument pas supportable. Comment voulez-vous nourrir nos concitoyens alors que nous faisons les produits d’excellence de qualité et que nous avons fait un investissement énorme ? » s'interroge-t-il. Il a par ailleurs appelé à « appliquer pleinement l’intégration des coûts de production » pour répondre à la revendication primaire de ces agriculteurs, à savoir une rémunération plus avantageuse.
Il a également souligné l'énorme effort qu'ils font en termes de production et les moyens qu'ils sollicitent, engendrant des charges importantes. « Aujourd’hui, nous avons des charges qui sont très importantes de plus de 20 % et le prix de nos produits […] n’augmente pas, et même diminue », explique-t-il. Arnaud Gaillot, président du syndicat Jeunes agriculteurs, a exprimé sur Europe 1 la nécessité de mettre en œuvre la loi Egalim, votée en 2018 après les états généraux de l'alimentation. Cette loi dispose que les prix payés aux agriculteurs devraient prendre en considération leurs coûts de production, afin de prévenir la vente à perte.