À quelques jours du printemps, la France se retrouve avec des réserves de gaz historiquement basses. Si les températures restent clémentes, le pays devrait éviter une situation critique. Mais cette faiblesse des stocks pose question pour l’hiver prochain, alors que les prix du gaz restent instables et que les acteurs du marché hésitent à reconstituer les réserves.
Actuellement, les réserves françaises de gaz sont remplies à 22 %, un niveau très bas par rapport aux standards habituels, rapporte Le Figaro. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs, dont une demande stable mais persistante et un hiver qui, bien que relativement doux, a nécessité une consommation importante en début de saison.
Si les marchés du gaz en Europe semblent stabilisés, les prix restent encore plus élevés que ceux d’avant-crise. En 2024, le prix moyen du gaz sur les marchés de gros était de 34 euros le MWh, un niveau bien inférieur aux sommets atteints en 2022, mais toujours supérieur aux tarifs d’avant la crise énergétique.
Cependant, une anomalie de prix complique la reconstitution des stocks : les prix pour l’été 2025 sont actuellement plus élevés que ceux de l’hiver 2025, ce qui décourage les opérateurs de stockage, qui risquent de vendre le gaz à perte dans quelques mois.
Un appel à la reconstitution des réserves dès avril
Face à cette situation, NaTran appelle à une reconstitution des stocks dès avril, pour éviter un risque de tension énergétique l’hiver prochain. Un retard dans le remplissage des réserves pourrait contraindre la France à réduire ses exportations de gaz, voire à importer davantage de ses voisins européens en cas de froid prolongé à l’automne.
Malgré une baisse de 5,5 % de la consommation de gaz en 2024, principalement due à une moindre utilisation des centrales électriques à gaz et à une production accrue d’électricité nucléaire et renouvelable, la dépendance de la France aux importations reste forte. Aujourd’hui, 57 % du gaz consommé provient du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) acheminé par bateaux, tandis que 43 % sont importés par pipeline, exclusivement en provenance de Norvège.
Une dépendance au gaz russe qui persiste
Malgré la volonté européenne de réduire sa dépendance au gaz russe, la France continue d’importer une part significative de GNL russe. En 2024, 32 % du GNL entrant sur le territoire provenait de Russie, représentant 18 % du total des importations. L’Union européenne vise une suppression totale des importations de gaz russe d’ici 2027, mais pour l’instant, cette transition reste complexe à mettre en place.
Si la France parvient à remplir ses réserves dès avril, la situation pourrait rester sous contrôle pour la saison froide 2025-2026. En revanche, un retard ou une nouvelle hausse des prix pourrait fragiliser l’approvisionnement et pousser à des mesures plus strictes, comme des réductions de consommation ou des importations d’urgence depuis d’autres pays européens.
Le gouvernement et les acteurs du marché surveillent de près la situation, mais la faiblesse des stocks actuels montre à quel point l’équilibre énergétique reste fragile. Les prochaines semaines seront déterminantes pour garantir une sécurité d’approvisionnement suffisante avant l’arrivée de l’hiver.