Les loyers en Belgique connaissent une hausse plus marquée que dans les pays voisins, accentuant la pression sur les locataires. Cette situation est notamment alimentée par l’inflation et une offre insuffisante de logements abordables.
Comparée aux tendances observées en France, aux Pays-Bas et en Allemagne, la progression des loyers belges inquiète les experts du secteur immobilier. Les ménages les plus vulnérables sont les premiers touchés par cette évolution, rendant l’accès au logement de plus en plus difficile.
Une augmentation record face aux pays voisins
La hausse des loyers en Belgique est bien plus prononcée que dans les pays limitrophes, où des régulations permettent de freiner la progression des prix. LeSoirImmo a relaté que selon Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, l’indexation des loyers en Belgique, basée sur l’indice santé, explique en grande partie cette envolée. Cette méthode entraîne des ajustements annuels directement liés à l’inflation, ce qui accentue la hausse des prix de manière plus forte qu’ailleurs.
À titre de comparaison, en France, les loyers sont soumis à un plafond fixé par l’Indice de Référence des Loyers (IRL), limitant leur progression à 6,8 % sur quatre ans. Aux Pays-Bas, la hausse reste contenue à 11,5 %, grâce à des mesures de contrôle sur les logements sociaux et une régulation plus stricte du marché privé. En Allemagne, où certaines villes comme Berlin imposent des plafonds pour freiner la spéculation immobilière, la hausse des loyers s’est limitée à 8 %. Au Luxembourg, un pays où le coût du logement est pourtant élevé, les loyers n’ont augmenté que de 7,1 %, soit près de trois fois moins qu’en Belgique.
Le marché de la vente immobilière connaît aussi des évolutions contrastées selon les pays. En Belgique, le prix moyen des logements a grimpé de 15,3 % entre 2021 et 2025. Cette augmentation est bien plus forte qu’en France (+6,2 %) ou en Allemagne (+0,3 %), où le marché reste stable. Au Luxembourg, les prix ont même reculé de 2,63 %, tandis que les Pays-Bas ont enregistré une forte hausse de 31,3 %.
Une pression grandissante sur les locataires et le marché immobilier
Cette flambée des loyers pèse de plus en plus sur les locataires, qui doivent consacrer une part croissante de leurs revenus à leur logement. L’augmentation moyenne de 18,3 % signifie qu’un loyer mensuel de 800 euros en 2021 atteint aujourd’hui environ 946 euros, soit une différence de 1 752 euros par an pour les ménages concernés. Cette pression financière complique l’accès au logement, en particulier pour les jeunes actifs et les familles modestes.
Le marché immobilier belge souffre également d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, ce qui accentue la tension sur les prix. La construction de nouveaux logements ne suit pas le rythme de la demande, notamment dans des villes comme Bruxelles, Anvers et Gand, où la rareté du foncier et la hausse des coûts de construction freinent le développement de nouvelles habitations. En conséquence, les propriétaires répercutent ces difficultés sur les loyers, aggravant encore la situation des locataires.
Autre point préoccupant : l’évolution du prix des logements neufs et anciens. Le prix d’achat des logements neufs a bondi de 16,1 % en Belgique sur la période 2021-2025, contre 8,9 % en France, 7,6 % en Allemagne et 4,2 % au Luxembourg. Les logements anciens ont suivi une tendance similaire avec une augmentation de 15,1 % en Belgique, alors que la France affiche +5,8 %, le Luxembourg -5,2 % et l’Allemagne -0,9 %. Aux Pays-Bas, les prix des logements anciens ont explosé avec une hausse de 31,5 %.
Alors que les prix continuent de grimper, l’absence de régulation en Belgique pourrait accentuer la crise du logement et aggraver les inégalités entre locataires et propriétaires.