Le nombre de fumeurs diminue en Suisse, mais les cigarettes illégales, elles, gagnent du terrain. En 2024, près de 300 millions de cigarettes de contrebande ou contrefaites ont circulé dans le pays, représentant une hausse marquée par rapport aux années précédentes.
Cette montée en puissance du commerce illicite de tabac a entraîné une perte fiscale importante pour la Confédération et souligne l’adaptation croissante des réseaux criminels à la demande locale. Le phénomène, bien qu’encore contenu en Suisse comparé à d’autres pays européens, interroge sur l’efficacité des contrôles douaniers et la stratégie des autorités face à ces flux illégaux.
La question de la contrefaçon et de la contrebande de cigarettes touche l’ensemble de l’Europe. Selon une étude menée par KPMG, la Suisse, malgré une baisse des ventes légales, voit progresser cette consommation parallèle, rapporte Blick.
Une augmentation rapide de la consommation illégale
En 2024, la Suisse a vu circuler environ 300 millions de cigarettes illégales sur son territoire, soit l’équivalent de 15 millions de paquets. Cette quantité représente une hausse de 50 % par rapport à l’année 2020. Le rapport indique que, malgré une diminution des ventes légales de cigarettes ; passées de 9 milliards à 7,5 milliards d’unités entre 2020 et 2024 ; le marché parallèle se renforce.
KPMG précise que cette hausse de la consommation illégale s’est traduite par une perte de 76 millions de francs pour les finances publiques suisses, en raison de l’absence de perception des impôts sur le tabac. Ces chiffres montrent que la consommation illégale, bien qu’elle ne représente encore que 3,5 % de l’ensemble du marché suisse, suit une trajectoire ascendante.
La quantité consommée équivaut à ce qu’il faudrait pour que 1000 personnes fument un paquet par jour pendant 41 ans. Selon le média helvétique, les cigarettes de contrebande passent souvent inaperçues, dissimulées dans des objets comme des pneus, et sont difficiles à repérer par les douanes.
Une origine géographique difficile à tracer
Une grande partie des cigarettes de contrebande saisies en Suisse proviennent du Kosovo (80 millions d’unités), de Serbie (20 millions) et du Portugal (10 millions). Toutefois, plus de la moitié des produits ne peuvent être attribués à un pays d’origine spécifique. Les marques concernées par cette distribution illégale sont parmi les plus connues, comme Marlboro, Winston, Davidoff et Camel.
Les réseaux responsables de cette contrebande s’organisent de manière à éviter les saisies massives. Selon l’étude de KPMG, ils ont perfectionné leurs techniques logistiques, réduisant les volumes de stocks et accélérant la distribution. Ces modifications limitent les pertes en cas d’intervention des forces de l’ordre et réduisent les besoins de financement. Le stockage est optimisé pour diminuer les risques opérationnels.
La contrebande inclut aussi des cigarettes légales importées depuis des pays où elles sont moins chères. La Suisse profite partiellement de ce commerce hors taxes, percevant ses propres droits de douane. En 2024, les exportations vers la France, l’Allemagne et l’Autriche ont augmenté de 13 %.
Un phénomène européen aux méthodes sophistiquées
Au niveau européen, 52,2 milliards de cigarettes illégales ont été consommées en 2024, soit 10 % du marché total. La France est particulièrement touchée, avec plus d’une cigarette sur trois provenant de la contrebande ou de la contrefaçon. Cela représente une part de marché de 37,6 %, la plus élevée d’Europe.
Blick rapporte que cette situation s’explique par un prix du paquet pouvant atteindre 13 euros. Le manque à gagner fiscal pour l’État français est estimé à 9,5 milliards d’euros.
Le Royaume-Uni se situe aussi bien au-dessus de la moyenne européenne, avec 26 % du marché dominé par les cigarettes illégales. Le prix élevé d’un paquet de Marlboro Gold, atteignant 16,80 livres sterling, soit environ 18 francs suisses, alimente cette tendance. Le fisc britannique a perdu 3,8 milliards de livres en 2024 à cause de cette consommation illégale.
Selon KPMG, le marché européen de la cigarette illégale se compose à 60 % de contrebande et à 40 % de contrefaçon. Les contrefaçons imitent des marques connues, mais utilisent du tabac de mauvaise qualité et des ingrédients non identifiés. Les risques sanitaires sont donc difficiles à évaluer.
Les groupes criminels opérant dans ce marché sont structurés et optimisent leur chaîne de production en rapprochant les usines des zones de consommation. Cette stratégie réduit les coûts logistiques.
Ils utilisent aussi des méthodes variées pour la distribution : drones, vols low cost, ventes sur les réseaux sociaux et plateformes en ligne. Le média souligne que ces canaux permettent de contourner le commerce de détail et compliquent la tâche des forces de l’ordre.








