Retraites : fin de l’abattement fiscal de 10 %, certains risquent de perdre gros

La suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite, évoquée par le président du Conseil d’orientation des retraites, suscite un débat vif. Cette mesure, qui pourrait générer 4 milliards d’euros pour les finances publiques, toucherait principalement les retraités aisés tout en épargnant les plus modestes. Entre équité fiscale et perte de pouvoir d’achat, cette proposition soulève des enjeux majeurs.

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Cette image illustre un retraité visiblement préoccupé, assis à une table avec des documents devant lui, symbolisant des préoccupations liées à la retraite et à sa gestion financière.
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Depuis 1978, les retraités bénéficient d’un abattement fiscal de 10 % sur leurs pensions, une mesure destinée à compenser la perte de revenus liée à l’arrêt de leur activité professionnelle. Aujourd’hui, sa suppression est envisagée comme une solution pour équilibrer les finances publiques. Cette perspective divise les experts et les acteurs économiques.

Mis en place à la fin des années 1970, l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite visait à garantir une certaine équité entre actifs et retraités. Cet avantage, plafonné actuellement à 4 321 euros par an, permet une déduction forfaitaire des revenus imposables des retraités. Selon Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites, la suppression de cet abattement constituerait une mesure « forte et équitable » tout en rapportant près de 4 milliards d’euros par an à l’État.

Cette proposition a été accueillie favorablement par certains acteurs économiques, notamment le président du Medef, Patrick Martin, qui qualifie cet avantage de « contre-nature » pour des revenus sans frais professionnels. Toutefois, elle suscite également des inquiétudes quant à son impact sur les foyers concernés.

Qui sont les retraités touchés ?

La suppression de l’abattement ne concernerait que les retraités imposables. Selon Pierre Madec, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), cette mesure n’aurait aucun impact sur les 20 % des retraités les plus modestes, qui sont généralement non imposables.

En revanche, les 20 % les plus aisés verraient leur charge fiscale augmenter de plus de 700 euros par an en moyenne. L’étude montre que cette réforme serait plus ciblée et moins pénalisante que d’autres mesures, comme la désindexation des pensions, qui impactaient l’ensemble des retraités, y compris les plus fragiles.

L’abattement fiscal de 10 % figure parmi les niches fiscales les plus coûteuses pour l’État, après le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile. Pour ses détracteurs, cet avantage représente une inégalité de traitement, notamment vis-à-vis des actifs, dont les frais professionnels réels justifient cette déduction. Cependant, pour ses défenseurs, il reste une mesure de justice sociale, indispensable pour protéger le pouvoir d’achat des retraités face à l’inflation.

Une réforme touchant les retraités encore incertaine

Bien que la suppression de l’abattement ait été évoquée, aucune décision n’a encore été prise. Si elle venait à être adoptée, cette mesure pourrait devenir un levier de financement important pour les politiques publiques, mais au prix d’un débat sensible sur l’équité et le rôle de la fiscalité.

Les retraités et les associations restent vigilants face à cette possible évolution. Dans un contexte de réformes successives des retraites, cette proposition illustre une nouvelle fois la complexité des arbitrages entre justice sociale et impératifs budgétaires.

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