Dans un rapport récent, la Banque mondiale a fait savoir que le pourcentage du commerce informel au Maroc s’élevait à 77,3 %. Cette proportion reste l’une des plus élevées de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Un rapport accablant pour l’économie marocaine qui souligne les conséquences néfastes du marché noir.
Le commerce informel gangrène l’économie marocaine
L’agriculture marocaine est soumise à l’informel à hauteur de 90 %. Il s’agit là du secteur d’activité le plus touché par l’informel au Maroc. La Banque mondiale souligne dans son rapport que les employés agricoles ne bénéficient que très rarement de prestations de sécurité sociale. Ce fléau pèse sur la performance de l’activité économique marocaine dans son ensemble. Les autorités locales reconnaissent, d’ailleurs, la part importante de l’informel dans l’économie du pays. Le Haut-Commissariat au plan (HCP) estime que 67,6 % de la population active au Maroc est employée au noir et la majorité travaille dans le secteur agricole. Il y a quelques années, Bank Al-Maghrib avait conclu, à travers une étude, que l’informel contribuait à hauteur de 30 % au PIB marocain. En plus d’entraver la croissance économique, ce phénomène entraîne, d’autre part, la précarité de l'emploi, l’absence de protection sociale, l’évasion fiscale…
En Égypte, au Maroc et en Tunisie, l’#emploi informel concerne respectivement 62,5 %, 77,3 % et 43,9 % de la population active. Une nouvelle étude identifie 5 domaines de lutte contre l'informalité dans la région : https://t.co/jo5C2njoEl
— Banque mondiale (@Banquemondiale) July 2, 2023
Des mesures insuffisantes
Face à l’ampleur du phénomène, le Maroc a mis en place certaines mesures, à l’instar de la régularisation de certains travailleurs et d’un programme de protection sociale pour les travailleurs indépendants et les professions libérales. Un programme de soutien aux entreprises pour encourager la formalisation de l’emploi a été également mis en place. Abdallah El Fergui est le président de Confédération marocaine de TPE-PME. Il déplore : « Ce que la Banque mondiale a révélé est une réalité incontestable dont ne cesse de souffrir l’économie marocaine ces dernières années. À la lumière de la politique de concurrence visant à attirer les investissements étrangers, à encourager les grandes et moyennes entreprises, en délaissant plus de 95 % de l’économie nationale qui est composée de petites entreprises ».
Il estime que les programmes mis en œuvre à lutter contre le développement de l’informel au Maroc sont insuffisants. Il explique que « la pandémie, les années successives de sécheresse et les taux d’inflation élevés ont contribué à la prospérité du secteur informel jusqu’à ce qu’il représente plus de 30 % de l’activité économique au Maroc ». Dans une précédente étude, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a désigné le commerce informel comme une menace sérieuse pour le pays. Le conseil propose plusieurs pistes, dont l’amélioration du statut de l’autoentrepreneur, en relevant le seuil maximal du nombre annuel de transactions et en l’autorisant à employer deux ou trois travailleurs. Le CESE a également préconisé la création de zones d’activité économique ainsi que la diversification et la facilitation des moyens de financement.
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