Les prix de l’énergie en Europe pourraient connaître une nouvelle hausse dans les années à venir. Cette évolution serait liée à l’extension du marché carbone européen, qui vise à inclure les carburants et le chauffage des bâtiments dans le système d’échange de quotas d’émission de CO₂.
Actuellement réservé aux industries et à la production d’électricité, ce dispositif obligerait dès 2027 les fournisseurs d’énergie fossile à acheter des quotas pour chaque tonne de CO₂ émise. Cette réforme, bien que pensée pour accélérer la transition énergétique, risque d’alourdir considérablement la facture des ménages et des entreprises.
L’élargissement du marché carbone en Europe
Le système d’échange de quotas d’émission (ETS) a été mis en place par l’Union européenne en 2005 pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’à présent, il s’appliquait aux secteurs industriels et à la production d’électricité, contraignant les entreprises les plus polluantes à acheter des quotas de CO₂ sur un marché dont le prix évolue en fonction de l’offre et de la demande.
Avec la réforme adoptée en 2023, un second marché carbone (ETS2) sera introduit en 2027. Il concernera cette fois les carburants et le chauffage des bâtiments, obligeant les fournisseurs d’énergie fossile à acheter des quotas d’émission. Selon les estimations de la Commission européenne, le prix de la tonne de CO₂ sur ce nouveau marché pourrait atteindre 45 euros en 2027 et grimper progressivement jusqu’à 80 euros en 2030; a relaté Le Soir.
Ces coûts seront inévitablement répercutés sur les consommateurs. Selon le cabinet d’analyse Bruegel, cette mesure pourrait entraîner une augmentation du prix du litre de carburant de 10 à 12 centimes d’euro dès la première année d’application. Pour le chauffage, la hausse attendue du prix du gaz naturel pourrait atteindre 15 à 20 % d’ici à 2030.
L’objectif de cette réforme est clair : inciter les consommateurs à réduire leur dépendance aux énergies fossiles et à se tourner vers des solutions plus écologiques, comme les véhicules électriques ou les systèmes de chauffage à faible émission de carbone. Toutefois, cette transition pourrait être difficile pour les ménages les plus modestes et les entreprises à forte consommation énergétique.
L’impact attendu sur les ménages et les entreprises
L’entrée en vigueur de l’ETS2 en 2027 suscite des inquiétudes, notamment en raison de ses répercussions sur le pouvoir d’achat. En Europe, environ 40 % des foyers utilisent encore du gaz ou du fioul pour se chauffer, et plus de 70 % des véhicules en circulation sont équipés de moteurs thermiques. Pour ces ménages, la réforme pourrait représenter une charge financière importante.
Les entreprises ne seront pas épargnées. Le secteur du transport routier, qui repose majoritairement sur le diesel, pourrait être particulièrement touché. Une hausse de 10 centimes par litre représente une augmentation de 1 000 euros par an pour un camion parcourant 100 000 km. Ce surcoût pourrait se répercuter sur les prix des biens transportés, contribuant ainsi à une inflation plus large.
Face à ces enjeux, l’Union européenne prévoit la création d’un Fonds social pour le climat, doté de 86,7 milliards d’euros pour la période 2026-2032. Ce fonds vise à soutenir les ménages vulnérables et les petites entreprises dans leur transition énergétique. Cependant, les modalités précises de redistribution restent à définir, et certains États membres estiment que ce fonds pourrait être insuffisant pour compenser l’impact financier de la réforme.