Les prix de l’énergie sont un sujet de préoccupation majeur pour les ménages et les entreprises, qui scrutent chaque variation avec attention. En mars, les consommateurs font face à une surprise : selon les comparateurs, les offres d’électricité et de gaz affichent une baisse, parfois marquée.
Pourtant, les indicateurs de marché montrent une tendance inverse, avec une hausse des prix de gros. Comment expliquer ce paradoxe ? Pour comprendre, il faudra décrypter les dynamiques en jeu et les perspectives pour les mois à venir.
Des offres en baisse malgré une hausse des indices énergétiques
En scrutant les contrats d’énergie pour mars, les prix affichés par les fournisseurs semblent avoir diminué, selon Comparateur-energie.be. Pour les offres fixes, la baisse moyenne est de 3,11 %, tandis que les contrats variables enregistrent une diminution plus marquée de 4,95 %. Cette évolution est particulièrement visible en Flandre, où la chute des tarifs est plus prononcée, alors que Bruxelles est moins impactée.
Cependant, cette tendance affichée ne reflète pas la réalité des marchés de gros. Selon les indices de référence, le prix de l’électricité a augmenté de 14 % par rapport au mois précédent et celui du gaz naturel de 5 %. Une contradiction qui s’explique par plusieurs facteurs.
D’une part, les prix affichés par les comparateurs proviennent de calculs basés sur les projections de la VREG (le régulateur flamand de l’énergie), qui ne prennent pas toujours en compte l’évolution en temps réel des marchés. D’autre part, certains fournisseurs peuvent ajuster temporairement leurs offres pour attirer de nouveaux clients, sans que cela reflète une tendance durable.
Pourquoi les prix de gros continuent-ils d’augmenter ?
Malgré l’apparente baisse des offres, les fondamentaux du marché restent orientés à la hausse. Plusieurs éléments expliquent cette évolution.
Tout d’abord, les conditions météorologiques jouent un rôle clé. L’hiver actuel est plus rigoureux que prévu, ce qui entraîne une demande accrue en chauffage et donc une consommation plus importante de gaz et d’électricité. De plus, les conditions défavorables pour les énergies renouvelables, notamment un manque de vent et de soleil, réduisent la production éolienne et solaire. Pour compenser, il faut recourir davantage aux centrales à gaz, ce qui alimente la hausse des prix.
Ensuite, la réduction des importations de gaz russe continue d’avoir un impact. Depuis le 1ᵉʳ janvier, une part plus importante du gaz disponible en Europe est réorientée vers l’Ukraine, réduisant les volumes accessibles sur le marché européen. Les réserves de gaz n’ont jamais été aussi basses depuis 2022 et pourraient atteindre seulement 25 % de leur capacité d’ici à la fin de l’hiver, selon Damien Ernst, professeur en électromécanique à l’Université de Liège, a rapporté 7sur7.be. Cette baisse des stocks risque d’engendrer une hausse des prix à long terme, car il faudra reconstituer ces réserves avant l’hiver prochain.
Enfin, l’évolution des prix pourrait également être influencée par la politique énergétique internationale. La récente prise de pouvoir de Donald Trump aux États-Unis suscite des inquiétudes, car le pays est le principal fournisseur de gaz naturel liquéfié (GNL) en Europe. Le nouveau président envisage d’imposer des droits de douane sur les produits européens, tout en incitant l’UE à acheter davantage de pétrole et de gaz américains. Si ces mesures sont mises en place, elles pourraient accentuer la pression sur les prix du gaz en Europe.