Le niveau de pauvreté était stable en 2022 par rapport à 2021, bien que le contexte était marqué par une forte inflation. Cependant, ce niveau restait encore élevé.
Les chiffres contenus dans l’indicateur annuel publié jeudi 11 juillet par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) montrent que le niveau de pauvreté est à 14,4% de la population en 2022 en France métropolitaine, alors que l’inflation était estimée à +5,2%. Un niveau quasi stable par rapport à l’année 2021, mais qui demeure élevé, selon l’Insee. En 2022, ils étaient 9,1 millions de Français en situation de pauvreté monétaire, avec un revenu mensuel inférieur au seuil de pauvreté, fixé à 60% du revenu médian (1 216 euros pour une personne seule).
L’Insee relevait aussi que dans ce contexte de forte inflation, le niveau de vie des Français a légèrement augmenté de 0,3 point sous l’effet des dispositifs de protection du pouvoir d’achat et des mesures ciblées, à l’instar de l’indemnité inflation ou encore du plafonnement de la hausse des loyers à 3,5%. Des dispositifs contrebalancés toutefois par d’autres mesures restrictives qui ont touché 6,8 millions de Français, comme la baisse des aides au logement, ainsi que la suppression des aides destinées à faire face à l’impact de la pandémie de Covid-19, précise l’Insee.
Le taux de privation matérielle et sociale hausse
Par ailleurs, une autre étude publiée le jour même par l’Insee montre qu’au début de l’année 2023, le nombre de Français en obligation de sacrifier certaines dépenses, à cause des difficultés financières, était en hausse. L’étude établit à 13,1% le taux de « privation matérielle et sociale », contre 12,9% en 2022. L’Insee précise que le renoncement concerne des produits ou des services, tels que la possibilité de posséder deux paires de chaussures en bon état, se chauffer correctement, manger de la viande ou du poisson tous les deux jours, ou éventuellement prendre une semaine en vacances par année.
À ce sujet, l’étude montre que si la proportion des ménages en incapacité de payer le loyer à temps a reculé de 9,4% (-2,2 points entre début 2022 et début 2023), les difficultés se sont accrues en ce qui concerne d’autres types de dépenses (redevances d’électricité, de gaz ou d’eau…). Des difficultés qui ont touché 7% des Français contre 6,6% en 2022, ajoute l’Insee. Les catégories les plus exposées à ces privations sont les employés, les ouvriers, les familles monoparentales et nombreuses.
Réagissant auprès de l’AFP à cette étude, le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, Manuel Domergue, affirme : « La « casse est toujours là ». On est toujours à des niveaux élevés, au-delà de la barre des 9 millions, et ça, c’est inquiétant ». Bien que cette stabilité du niveau de pauvreté montre l’existence d’ « une action de l’État pour compenser une dégradation de la situation », Manuel Domergue plaidait pour des aides permettant aux gens de se chauffer et de manger. « On n’est pas du tout sur une société d’enfants gâtés, on est vraiment sur des mesures absolument indispensables », martèle-t-il.
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