Après avoir mis sous pression les secteurs du vin et du champagne, les fromages français semblent être les prochains produits agroalimentaires ciblés par les menaces de Donald Trump concernant les droits de douane. Cette nouvelle menace survient alors que les exportations françaises vers les États-Unis connaissent une croissance, mettant ainsi la filière fromagère dans une situation délicate. Analyse de l’impact potentiel sur ce marché stratégique.
En 2024, la France a exporté pour 342 millions d’euros de produits laitiers vers les États-Unis, dont une grande partie était constituée de fromages. Ces exportations, particulièrement dominées par des produits comme le brie, l'emmental et d’autres fromages à haute valeur ajoutée, représentent une part importante des exportations agroalimentaires françaises vers le marché américain. Si ces produits sont encore relativement peu impactés par les tarifs douaniers actuels de 10 %, les nouvelles menaces de Donald Trump font craindre une escalade qui pourrait bouleverser cette dynamique.
Les produits laitiers français, bien qu’inférieurs en valeur aux vins et champagnes, représentent déjà la deuxième catégorie de produits agricoles les plus exportés vers les États-Unis, rappelle 20 Minutes. Cette position stratégique, qui a vu une forte progression ces dix dernières années, pourrait donc être gravement compromise si de nouveaux droits de douane étaient appliqués. Les acteurs de la filière redoutent une nouvelle augmentation des taxes, qui risquerait de rendre les produits français moins compétitifs face à des alternatives moins chères.
Les précédentes tensions commerciales et leurs conséquences
Lors du premier mandat de Donald Trump, les relations commerciales entre la France et les États-Unis ont déjà connu des turbulences, notamment en 2019, lorsque des droits de douane de 25 % ont été appliqués aux fromages français. Cette décision a conduit à une chute importante des exportations de fromages, qui ont perdu environ 14 millions d’euros cette année-là. Les producteurs français avaient alors subi un coup d’arrêt, et la situation semble se répéter avec les menaces actuelles de nouvelles taxes.
Le secteur fromager français, déjà fragilisé par les fluctuations des marchés internationaux, craint donc une nouvelle récession dans ses exportations, surtout que les États-Unis constituent un marché clé. Les nouvelles menaces d’une augmentation de 25 % des droits de douane, qui viendraient s’ajouter aux 10 % déjà en place, pourraient affaiblir encore plus cette dynamique.
L’impact sur les produits haut de gamme versus les produits plus courants
Une des grandes préoccupations de la filière concerne l’impact différencié des nouvelles taxes en fonction des types de fromages. En effet, certains fromages haut de gamme, comme le brie ou la mimolette, bénéficient d’une forte demande, et les consommateurs américains peuvent être prêts à payer quelques dollars de plus pour ces produits emblématiques du patrimoine français. Cependant, pour des produits plus bas de gamme, tels que le beurre ou d’autres fromages à faible coût, la situation pourrait être bien plus compliquée.
Ces produits risquent de perdre leur compétitivité, surtout face à des alternatives comme le beurre néo-zélandais, dont le prix pourrait être plus attractif. Le manque de clarté des annonces de Donald Trump sur ces droits de douane aggrave la situation. Si les produits haut de gamme peuvent supporter une augmentation des prix, il est bien plus incertain de savoir comment les produits plus abordables résisteraient à la pression d’un marché de substitution.
La filière du fromage en attente de réponses claires
Bien que les producteurs français redoutent l’impact de ces nouvelles menaces, ils se retrouvent dans une situation d’incertitude, les informations provenant de la Maison Blanche restant floues. À ce stade, il n’y a que des déclarations sur les réseaux sociaux du président américain, laissant la filière fromagère dans l’attente d’un calendrier précis et de détails sur les mesures qui pourraient être mises en place dès le mois d’avril. Cette incertitude complique la capacité des producteurs à anticiper l’impact de ces nouvelles taxes et à préparer des stratégies pour s’adapter à la situation.
