La régularisation des travailleurs sans papiers revient au cœur du débat politique avec la présentation d’une nouvelle circulaire par Bruno Retailleau. Destinée à renforcer le contrôle de l’immigration irrégulière, cette mesure vise à limiter ces régularisations à des cas exceptionnels. Ce changement de cap reflète une approche plus rigoureuse du gouvernement en matière d’immigration.
Selon Bruno Retailleau, la régularisation des travailleurs sans papiers doit rester « une voie exceptionnelle ». La circulaire publiée insiste sur le fait que l’admission exceptionnelle au séjour (AES), qui s’applique aux étrangers en situation irrégulière, ne doit pas devenir un mécanisme généralisé. Le texte demande aux préfets de renforcer leur vigilance lors de l’évaluation des demandes.
Cette position s’oppose à l’esprit de la circulaire Valls, qui prônait une politique d’immigration équilibrée et mettait en avant une prise en compte des réalités humaines des demandeurs. Retailleau souligne que la priorité du gouvernement reste la maîtrise des flux migratoires et la lutte contre l’immigration irrégulière.
Des critères plus stricts pour les travailleurs sans papiers
La nouvelle circulaire modifie les conditions requises pour qu’un travailleur sans papiers puisse demander une régularisation. Actuellement, une présence de trois ans sur le territoire français et deux ans de travail suffisent pour déposer une demande. Désormais, Retailleau propose d’augmenter cette durée minimale de présence à sept ans, estimant que cela constitue un indicateur plus pertinent d’intégration.
Cette mesure intervient alors que les données du ministère de l’Intérieur indiquent qu’en 2023, 34 724 personnes ont été régularisées, dont 11 525 pour des motifs liés au travail. Ces chiffres montrent une légère hausse par rapport à 2022, mais le durcissement pourrait réduire le nombre de régularisations futures.
Un impact politique et social
La position de Bruno Retailleau reflète une volonté politique claire de durcir les conditions de séjour des étrangers en situation irrégulière. Ce choix est soutenu par une partie de la majorité, mais il suscite des critiques parmi les associations de défense des droits des étrangers et les syndicats, qui soulignent l’importance économique et sociale des travailleurs sans papiers dans certains secteurs comme le bâtiment ou la restauration.
Pour ces organisations, allonger la durée minimale de présence pourrait compliquer l’accès à une régularisation légale pour des milliers de personnes qui participent activement à l’économie française.
Une ligne de fermeté assumée
Cette circulaire s’inscrit dans une stratégie plus globale du gouvernement visant à renforcer le contrôle migratoire. Bruno Retailleau a également mis en avant l’importance de lutter contre les abus dans les demandes de régularisation et de garantir que ces démarches restent exceptionnelles.
Cependant, ce durcissement pose la question de l’équilibre entre la rigueur administrative et la prise en compte des réalités humaines et économiques des travailleurs sans papiers en France. Les débats parlementaires et les réactions des acteurs sociaux donneront le ton des prochaines évolutions en matière de régularisation.