La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a lancé une proposition choc : augmenter la durée légale du travail à 36 heures par semaine. Cette mesure viserait à financer un système de retraite par capitalisation tout en soutenant l’économie de guerre et les besoins industriels. Si cette idée suscite un débat, elle rencontre aussi une vive opposition des syndicats, qui dénoncent une remise en cause du modèle social actuel.
Dans un contexte économique marqué par des tensions budgétaires et des discussions sur l’avenir des retraites, la CPME estime qu’il est nécessaire de travailler plus pour assurer la pérennité du système social. Selon Amir Reza-Tofighi, présent sur le plateau de BFMTV ce 11 mars, président de l’organisation patronale, une semaine de 36 heures permettrait de générer plus de richesses, de renforcer la production nationale et de garantir aux futurs retraités des pensions plus dignes.
L’une des particularités de cette proposition est que la 36e heure de travail ne serait pas immédiatement rémunérée. Ce temps de travail supplémentaire fonctionnerait comme un salaire différé, capitalisé sur un compte dédié et utilisé comme complément de retraite. Ce mécanisme s’inspire des modèles de retraite par capitalisation, couramment utilisés aux États-Unis ou en Allemagne, où les actifs épargnent individuellement pour compléter leur pension publique.
Les syndicats s’opposent catégoriquement à l’augmentation du temps de travail
Cette proposition n’a pas tardé à faire réagir les syndicats, et notamment la CGT, dont la secrétaire générale Sophie Binet a dénoncé un projet qui, selon elle, mettrait en péril le système actuel de retraite par répartition. Également invitée sur le plateau de BFMTV, face à Amir Reza-Tofighi, elle explique que la capitalisation est une solution dangereuse, soumise aux fluctuations des marchés financiers, et qu’elle profiterait essentiellement aux banques et aux assureurs.
Elle souligne également que le modèle actuel de répartition, bien qu’imparfait, assure une meilleure protection pour les salariés, en évitant qu’ils ne soient dépendants des aléas économiques pour toucher leur pension. Pour la CGT, cette proposition reviendrait à transférer une partie du coût des retraites sur les travailleurs, sans garantie de meilleures prestations à long terme.
Un débat économique et politique plus large
Au-delà des retraites, cette proposition s’inscrit dans un débat plus global sur l’organisation du travail. Depuis plusieurs années, certains plaident pour une réduction du temps de travail, estimant que l’automatisation et les gains de productivité permettent de travailler moins sans nuire à la croissance. D’autres, au contraire, considèrent qu’un allongement du temps de travail est nécessaire pour financer les défis à venir, notamment la transition écologique, la réindustrialisation et la défense nationale.
Si l’idée de la CPME ne semble pas encore prête à être adoptée, elle relance la question de la viabilité du système de retraite et du modèle économique français. Entre le besoin de financer les pensions et la nécessité de garantir une protection sociale solide, le débat sur le temps de travail est loin d’être clos.