Les producteurs de vin français font face à une nouvelle menace économique avec l’annonce d’une possible taxe de 200% sur leurs exportations vers les États-Unis. Si cette taxe se concrétise, les conséquences pour la filière viticole seront dramatiques. Actuellement, une partie des expéditions est déjà stoppée, et les négociations sont en cours pour éviter que la situation ne se dégrade davantage.
Mi-mars 2025, l’ancien président américain Donald Trump a brandi la menace d’une taxe douanière de 200% sur les vins et champagnes européens, une mesure de rétorsion face aux taxes européennes sur le bourbon américain. Cette annonce a créé une onde de choc immédiate au sein de la filière viticole française. Selon Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), cette déclaration a provoqué l’arrêt brutal de nombreuses expéditions vers les États-Unis, avec des conteneurs prêts à être expédiés qui ont dû être retournés, rapporte Boursorama.
L’incertitude qui paralyse le marché des vins
Face à la peur d’une imposition effective de cette taxe, l’Alliance américaine pour le commerce du vin (USWTA) a recommandé à ses membres de suspendre toutes les livraisons de vins européens. L’incertitude autour de cette taxation a ainsi gelé une grande partie du commerce transatlantique, affectant non seulement les grandes entreprises mais aussi les petites exploitations et sociétés de négoce.
Le secteur viticole français, déjà fragilisé par les précédentes guerres commerciales, craint des pertes considérables. La France, leader de l’exportation de vins vers les États-Unis, pourrait perdre jusqu’à 3,8 milliards d’euros par an, si la taxe est mise en œuvre. Comparativement, les alcools américains exportés vers l’UE génèrent environ 500 millions d’euros. Le ministre français de l’Europe, Benjamin Haddad, a souligné la nécessité de réagir au plus vite pour protéger les intérêts français, tout en soulignant que la Commission européenne poursuit les discussions avec les autorités américaines.
Le poids du marché américain
Le marché américain représente un secteur clé pour les producteurs européens, en particulier pour les régions viticoles comme la vallée du Rhône, où il peut constituer 10 à 20% des revenus des exportateurs. Pour des domaines comme celui de Michel Chapoutier, qui exporte des vins de prestige, les États-Unis représentent un marché d’excellence, difficilement remplaçable. Bien que la Chine ait été un relais important, elle ne compense pas la stabilité et la maturité du marché américain.
Vers une solution ?
Alors que l’UE cherche à trouver une issue diplomatique, la filière viticole reste sur le qui-vive. Rodolphe Lameyse, de Vinexposium, s’inquiète d’une nouvelle escalade des tensions et souligne que même une taxe réduite à 50% ou 25% serait un coup dur pour les producteurs français. Malgré les incertitudes, la France espère parvenir à un compromis pour éviter que cette situation ne détruise un secteur clé de son économie.
La situation demeure incertaine, mais le secteur viticole français, très attaché au marché américain, redouble d’efforts pour éviter une catastrophe économique. Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer l’issue de ce conflit commercial.