Face à un nombre croissant de rendez-vous non honorés, le gouvernement souhaite instaurer une amende de 5 euros pour les patients absents sans prévenir. Cet impôt nommé « taxe lapin », bien que soutenue par plusieurs syndicats de médecins, soulève des interrogations sur son efficacité et son applicabilité. Quels sont les enjeux et les défis liés à cette taxe ?
Chaque année, près de 25 millions de rendez-vous ne sont pas honorés en France, soit l’équivalent du travail à plein temps de 4 000 généralistes. Selon Sophie Bauer, présidente du Syndicat des médecins libéraux, ce phénomène est devenu un véritable frein à l’accès aux soins.
Elle estime que la multiplication des plateformes de prise de rendez-vous et des rappels automatisés aurait dû réduire ces absences, mais cela n’a pas suffi. Pour elle, la taxe vise à rétablir un minimum de civisme et à responsabiliser les patients.
Un dispositif encore flou et des doutes sur son efficacité
Si l’idée d’une pénalité de 5 euros est évoquée, aucun cadre précis n’a encore été défini par le ministère de la Santé. La ministre a reconnu que ce dossier faisait partie des chantiers en cours, mais que les modalités restent à établir.
Une des principales difficultés soulevées par Luc Duquesnel, de la Confédération des syndicats médicaux français, est la capacité à faire appliquer cette taxe. Il propose d’autres solutions alternatives, comme un système de confirmation obligatoire des rendez-vous ou une limitation des prises de rendez-vous multiples pour une même spécialité.
Certains médecins restent sceptiques quant à l’impact réel de cette mesure. Patricia Lefébure, présidente de la Fédération des médecins de France, doute que cette taxe puisse être réellement appliquée.
Elle souligne que la plupart des patients concernés sont des nouveaux patients, souvent inconnus des praticiens, et qu’il serait difficile de les contraindre à payer une amende. De plus, elle considère que le montant de 5 euros est trop faible pour avoir un effet dissuasif.
La taxe lapin doit s’accompagner d’une sensibilisation
Pour Jérôme Marty, de l’Union française pour une médecine libre (UFML), cette taxe ne doit pas être une simple sanction, mais s’intégrer dans une campagne de sensibilisation. Il rappelle que 6 à 10 % des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous chaque semaine, ce qui représente près de deux heures perdues par médecin.
Il estime qu’un effort doit être fait pour expliquer aux patients l’impact de leur absence, en insistant sur le fait que « ne pas se présenter, c’est voler le temps de soin de quelqu’un qui en a besoin », rapporte Le Parisien.
Alors que le gouvernement cherche à optimiser l’accès aux soins, la taxe lapin divise encore la profession. Si son efficacité reste incertaine, elle souligne surtout la nécessité d’une meilleure organisation du système de rendez-vous médicaux et d’une prise de conscience collective sur l’importance de prévenir en cas d’absence.