Trump fait fuir les voyageurs, y compris les Suisses : 64 milliards de pertes annoncées

Depuis le retour de Trump, le tourisme américain chute et pourrait perdre 64 milliards de dollars entre insécurité, tensions et boycott.

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New York
Trump fait fuir les voyageurs, y compris les Suisses : 64 milliards de pertes annoncées | Econostrum.info - Suisse

Depuis l’élection de Donald Trump, le tourisme américain traverse une crise sans précédent. Entre tensions politiques, peur pour la sécurité et mesures commerciales agressives, de nombreux voyageurs étrangers, notamment des Suisses et des Canadiens, renoncent à leur séjour aux États-Unis. L’impact économique est considérable: une perte estimée à 64 milliards de dollars, selon les prévisions du secteur.

L’image des États-Unis se détériore à l’international, impactant directement l’attractivité du pays. Les décisions politiques de Donald Trump, sa rhétorique hostile et son attitude belliqueuse suscitent de vives réactions parmi les voyageurs étrangers. Certains boycottent purement et simplement la destination, tandis que d’autres annulent des séjours déjà planifiés.

Les craintes exprimées par les touristes ne reposent pas uniquement sur des questions idéologiques. Plusieurs agences de voyages signalent une inquiétude croissante concernant la sécurité sur place. Des avertissements officiels mentionnent des risques de débordements liés aux manifestations et un climat de tension politique, rendant certains voyageurs réticents à l’idée de traverser l’Atlantique.

Des annulations en Suisse, un malaise grandissant

En Suisse, le phénomène commence à se faire sentir. Si les grands voyagistes, à l’image de Dertour, qui gère notamment Helvetic Tours et Kuoni, assurent ne pas observer de baisse significative des réservations, certaines agences de plus petite taille rapportent une toute autre réalité.

Comme l’indique Watson, une employée d’une agence vaudoise confie avoir remarqué un changement d’attitude des clients ces dernières semaines. Chez Rubis Voyages, à Colombier (NE), l’impact est encore plus marqué. Une agente de voyage explique que de nombreux clients refusent catégoriquement de considérer les États-Unis comme destination. D’autres vont encore plus loin et annulent des séjours déjà réservés.

Un cas illustre bien cette tendance: une cliente ayant prévu une croisière en 2026 a décidé d’annuler son voyage dès qu’elle a appris que son itinéraire incluait une escale aux États-Unis après la traversée du canal de Panama. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces décisions ne sont pas nécessairement motivées par des opinions politiques. « Nos clients craignent pour leur sécurité aux États-Unis », explique l’agente de voyage dans les colonnes du média helvétique. Malgré les tentatives pour les rassurer, beaucoup estiment qu’un séjour sur place représente un risque.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) met effectivement en garde contre d’éventuelles tensions dans certaines régions des États-Unis. S’il considère que le pays est « en principe sûr », il appelle à la prudence face aux manifestations et à l’éventualité d’un état d’urgence ou de couvre-feux imposés à court terme. Ces avertissements, relayés par la source, semblent suffire à convaincre certains touristes de se tourner vers d’autres destinations comme l’Asie ou l’Italie.

Un recul mondial, amplifié par les tensions commerciales

Le phénomène ne se limite pas à la Suisse. À l’échelle internationale, les chiffres témoignent d’un désintérêt croissant pour les États-Unis. En février, le nombre de visiteurs étrangers a chuté de 2,4 % par rapport à l’année précédente, selon les données gouvernementales relayées par Blick. Cette baisse touche particulièrement certaines régions du monde: -9 % pour les touristes africains, -7 % pour les Asiatiques et -6 % pour les voyageurs en provenance d’Amérique centrale.

Les tensions entre Washington et Pékin jouent également un rôle clé. La politique de Donald Trump envers la Chine, marquée par des restrictions et des déclarations hostiles, a entraîné un effondrement de 11 % des arrivées de touristes chinois, comme l’indique le quotidien suisse alémanique.

Le Canada, de son côté, affiche un désengagement encore plus marqué. Donald Trump a récemment évoqué l’idée d’annexer le pays en le qualifiant de « 51ᵉ État », provoquant l’indignation chez de nombreux Canadiens. En conséquence, les voyages en voiture depuis le Canada vers les États-Unis ont plongé de 23 %, tandis que le nombre de vols a reculé de 13 %.

Blick rapporte le témoignage d’une Canadienne, Bertha Lopez, qui a pris la décision de boycotter complètement les États-Unis : « Plus de Coca-Cola, plus de Disney, et sauf enterrement ou hospitalisation, je n’irai pas aux États-Unis ».

Un impact économique alarmant pour le secteur touristique

Les pertes financières liées à cette désaffection sont considérables. Selon les prévisions de Tourism Economics, la baisse du tourisme pourrait représenter un manque à gagner de 64 milliards de dollars cette année. Un coup dur pour une industrie qui dépend largement des visiteurs internationaux, notamment en matière d’hébergement, de restauration et de loisirs.

Le secteur subit également les effets d’une prudence accrue des touristes américains eux-mêmes. Moins de voyages d’affaires, moins de vacances. En effet, l’incertitude économique pousse de nombreux Américains à réduire leurs déplacements. Jonathan de Araujo, dirigeant d’une agence de voyages en Floride, souligne que « quand l’économie flanche, le budget voyage est le premier à être sacrifié ».

Par ailleurs, la menace d’une taxe de 200 % sur le vin et l’alcool européens inquiète les voyageurs du Vieux Continent. Associée aux positions controversées de Donald Trump sur la scène internationale, cette mesure pourrait accentuer la désaffection des Européens pour la destination américaine.

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