La plateforme chinoise Temu, qui connaît un succès fulgurant en Suisse avec un chiffre d’affaires estimé à 350 millions de francs dès sa première année, a vu ses demandes d’adhésion rejetées par l’Association suisse du commerce (Handelsverband.Swiss) et la Swiss Retail Federation, qui pointent des pratiques jugées contraires aux lois suisses.
Malgré des partenariats solides avec des entreprises suisses, comme la Poste suisse et Twint, Temu se heurte aux critères stricts des fédérations locales, qui n’acceptent que des membres respectueux des réglementations nationales et engagés dans une concurrence équitable.
Temu face aux exigences légales de Handelsverband.Swiss
Selon les informations rapportées par la Handelszeitunge le Handelsverband.Swiss, association majeure du commerce en ligne en Suisse, a opposé une fin de non-recevoir à Temu. Bernhard Egger, directeur de l’association, a précisé que Temu ne répondait pas aux critères d’adhésion, lesquels imposent aux membres de se conformer strictement aux réglementations suisses. En cause, plusieurs accusations, dont le non-respect de l’ordonnance sur l’indication des prix, la concurrence déloyale et l’absence de contribution à la taxe anticipée de recyclage.
Une plainte de huit pages a même été déposée fin juillet par Handelsverband.Swiss auprès du Secrétariat d’État à l’économie (Seco), portant sur des manquements répétés de Temu. Bernhard Egger souligne qu’il serait inapproprié d’admettre un membre contre lequel des actions judiciaires sont en cours et insiste sur l’importance de la conformité légale pour les adhésions.
La Swiss Retail Federation refuse également Temu
La Swiss Retail Federation, regroupant 1600 entreprises du commerce de détail en Suisse, a, elle aussi, refusé la demande d’adhésion de Temu. Selon sa directrice, Dagmar Jenni, seuls les membres ayant une présence physique en Suisse et créant des emplois peuvent intégrer la fédération.
De plus, la Swiss Retail Federation avait déjà déposé une plainte en mai contre Temu pour pratiques commerciales trompeuses, évoquant des remises non fondées, des prix barrés trompeurs et des offres au-dessous du prix de revient. Ces stratégies, selon la fédération, faussent la concurrence et ne respectent pas les règles du marché suisse.
Les acteurs suisses dénoncent une concurrence déloyale
Cette situation a suscité des réactions parmi les acteurs suisses du commerce en ligne, comme Roland Brack, fondateur du site de vente en ligne Brack.ch. Selon lui, la concurrence avec les géants étrangers tels que Temu et Shein n’est pas équitable. Dans une interview, il déplore que ces plateformes échappent aux contraintes fiscales et aux coûts d’élimination imposés aux entreprises locales, leur permettant de proposer des tarifs plus bas tout en bénéficiant d’une flexibilité excessive. Roland Brack estime que tandis que les entreprises locales font face à des réglementations de plus en plus strictes, ces nouveaux concurrents peuvent agir à distance sans se conformer aux mêmes règles.