Les récentes récoltes de céréales en Suisse ont été catastrophiques, entraînant une flambée des prix des produits de boulangerie dans les supermarchés.
Suisse : le prix de la farine et du pain monte en flèche dans les supermarchés
Les agriculteurs et les boulangers font face à une pression croissante. La récolte de blé panifiable, notamment, a subi une chute d'environ un tiers par rapport à l'année précédente. Les coûts supplémentaires liés à cette situation poussent les supermarchés à répercuter ces hausses sur les consommateurs, avec des augmentations notables dans les rayons.
Toutefois, alors que des enseignes comme Coop ont déjà ajusté leurs tarifs, les boulangers s'interrogent sur la nécessité d'une augmentation de prix, redoutant une perte de clientèle.
Des augmentations de prix inévitables
Selon les informations relayées par le média Blick, Coop a déjà mis en œuvre des augmentations de prix sur plusieurs de ses produits de boulangerie. Par exemple, le prix du pain mi-blanc de la gamme Prix Garantie a augmenté de 20 centimes, atteignant 2,60 francs, tandis que le petit pain campagnard bio Naturaplan et la Parisette ont vu leurs prix grimper respectivement de 10 centimes. Selon les détaillants, ces hausses se situent entre 4,1 % et 9,1 %.
Migros, quant à elle, est encore en phase d'évaluation des ajustements de prix nécessaires. Estelle Hain, porte-parole de l'enseigne, indique que les hausses des prix d'achat des matières premières seront systématiquement répercutées sur le consommateur une fois les négociations avec les producteurs terminées.
Des récoltes catastrophiques impactées par la météo
La situation des récoltes de blé et d'orge panifiables est alarmante, en grande partie à cause des conditions climatiques défavorables de cette année. Un rapport de Swiss Granum souligne que les précipitations excessives et un ensoleillement réduit ont gravement affecté la qualité des grains. Lorenz Hirt, directeur de la Fédération des meuniers suisses, qualifie cette récolte de « misérable », évoquant des conditions qui auraient pu conduire à une famine à l'ère préindustrielle.
Les prix indicatifs pour la récolte 2024 ont été rehaussés, illustrant une hausse significative des coûts pour les agriculteurs. Ces ajustements viennent s'ajouter à des facteurs tels que les augmentations des frais de personnel et d'énergie, rendant la situation encore plus délicate pour les boulangers.
Les boulangers entre augmenter les prix ou perdre les clients
Les boulangers suisses se trouvent à un carrefour difficile. Bien que certains aient déjà procédé à des augmentations de prix, d'autres préfèrent optimiser leurs processus pour éviter de perdre leur clientèle. Urs Wellauer-Boschung, directeur de l'Association suisse des patrons boulangers-confiseurs, souligne que même des hausses de prix modestes peuvent dissuader les clients, déjà moins nombreux dans les rayons.
La crainte de perdre des clients pousse des professionnels comme Manfred Hasler, maître boulanger à Schönbühl-Urtenen, à adopter une approche prudente. Selon lui, l'augmentation des prix pourrait être fatale, entraînant un déclin de la fréquentation des boulangeries. Silvan Hotz, président du BCS, abonde dans son sens, précisant que la réduction de la taille des produits pour éviter des hausses de prix n'est pas une option.