Augmentation des primes maladie en Suisse : Les ménages moyens ne sont pas les plus touchés

Les primes d’assurance maladie en Suisse ne pèsent pas excessivement sur la classe moyenne, mais les inégalités persistent pour les ménages modestes.

Publié le
Lecture : 3 min
Prime maladie
Augmentation des primes maladie en Suisse : Les ménages moyens ne sont pas les plus touchés : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

En Suisse, les primes d’assurance maladie font l’objet de débats récurrents, notamment en raison de leur hausse constante. Les récents chiffres publiés par la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) remettent en cause l’idée largement véhiculée selon laquelle ces hausses pénaliseraient principalement la classe moyenne. 

Cette analyse s’inscrit dans un contexte où la Confédération a annoncé une augmentation de 4 à 5 % des primes pour 2026, une situation qui, selon certains experts, ne devrait pas inquiéter les ménages de revenus moyens. L’étude de la NZZ cherche ainsi à relativiser l’impact des primes sur le budget des ménages, tout en réaffirmant l’importance de prendre en compte une multitude de facteurs pour évaluer réellement cette pression financière.

Une pression relativement maîtrisée sur les budgets des ménages

L’argument principal de l’étude repose sur l’idée que, bien que les primes aient augmenté de 83 % depuis 2005, les ménages suisses ont vu leurs revenus croître dans une proportion suffisante pour compenser cette hausse. En moyenne, chaque ménage a vu son revenu augmenter de 1376 francs par mois, tandis que la prime mensuelle a augmenté de 158 francs. Selon l’analyse de Felix Schneuwly de Comparis, cela signifie que les Suisses disposent, après la hausse des primes, de 1218 francs supplémentaires pour couvrir leurs autres dépenses.

De plus, la part des dépenses de santé dans le budget total des ménages n’a quasiment pas évolué au cours des deux dernières décennies. En 2003, les Suisses consacraient 11,1 % de leurs revenus à la santé, une proportion qui n’est passée qu’à 11,3 % en 2022, ce qui suggère que l’augmentation des primes n’a pas provoqué un déséquilibre majeur dans les finances des ménages moyens. Ce constat s’accompagne d’un autre indicateur, celui du taux d’épargne des ménages suisses, qui est passé de 10 % à 15 % durant la même période. Selon l’économiste Pius Gyger, cette hausse témoigne de la solidité de l’épargne des ménages, et donc de l’absence de pression excessive sur leur budget.

En dépit de ces données globales rassurantes, certains observateurs, dont ceux du Parti socialiste suisse (PS), contestent cette vision, arguant que les augmentations constantes des primes d’assurance maladie ne font qu’accentuer la précarité des plus modestes. En réponse à ces critiques, l’étude de la NZZ critique cette rhétorique, affirmant que le message selon lequel « la classe moyenne s’appauvrit » n’est pas entièrement justifié, du moins sur la base des chiffres actuels.

L’aide de l’État et l’équité du système

Une autre donnée importante soulevée par l’étude est le rôle crucial des subsides de l’État. En Suisse, près de 30 % des assurés bénéficient d’une aide pour réduire le coût de leurs primes d’assurance maladie. Ces subsides ont d’ailleurs augmenté de manière significative au fil des années, passant de 1,5 milliard à 5,9 milliards de francs entre 1996 et 2023. Cependant, tous les assurés ne bénéficient pas de cette aide de manière équitable. En effet, les ménages à faible revenu consacrent en moyenne deux fois plus de leur revenu aux frais de santé que les plus aisés.

Cette disparité met en lumière les difficultés particulières rencontrées par les 20 % des Suisses les plus modestes. Bien que ces foyers bénéficient souvent de réductions de primes, l’écart reste considérable par rapport aux ménages plus riches. Le Parti socialiste, notamment, a proposé une nouvelle initiative visant à augmenter la contribution des plus fortunés et à rendre les primes d’assurance maladie gratuites pour les enfants de moins de 18 ans. Cette proposition vise à alléger la charge financière des familles les plus vulnérables, tout en appelant à une plus grande équité dans la répartition des coûts de santé.

Si les mesures d’aide ont un impact positif pour une partie de la population, elles ne suffisent pas à résoudre complètement le problème des inégalités dans l’accès aux soins de santé. Par conséquent, les débats sur l’augmentation des primes et la justice sociale continuent d’alimenter les discussions politiques, notamment en lien avec la redistribution des coûts entre les classes sociales.

Laisser un commentaire

Share to...