Les récentes prévisions financières de l’AVS, présentées par la Confédération, ont suscité à la fois un soulagement et des interrogations. En dépit des inquiétudes persistantes concernant le vieillissement de la population, ces nouvelles projections offrent un panorama beaucoup plus favorable que les estimations précédentes.
Si l’on parvient à financer la 13e rente, le déficit global de l’AVS pourrait disparaître à moyen terme. Pourtant, cet optimisme, bien que justifié par des révisions positives des chiffres, ne dissipe pas les incertitudes qui demeurent autour du financement de l’AVS et de la réforme nécessaire pour garantir la pérennité du système.
La révision des prévisions : une stabilité retrouvée à moyen terme
L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) a révisé ses prévisions financières pour l’AVS en prenant en compte des scénarios démographiques et économiques actualisés. Ces nouvelles prévisions s’appuient sur une population active plus nombreuse que prévu et une croissance moins rapide du nombre de retraités. Selon les dernières estimations, le nombre de bénéficiaires de l’AVS, qui devrait atteindre 3 millions d’ici 2035, n’augmenterait pas aussi rapidement que prévu. Cette révision s’accompagne d’une hausse des recettes et d’une diminution des dépenses, ce qui constitue un facteur clé dans l’équilibre des finances de l’AVS.
Un autre facteur essentiel dans cette évolution positive réside dans les rendements plus élevés du fonds de compensation du premier pilier. Ces rendements ont été réévalués à la hausse, ce qui a amélioré la situation financière de l’AVS à court et moyen terme. Si l’on prend en compte ces nouvelles données, les déficits projetés se réduisent considérablement, de manière à offrir des perspectives financières beaucoup plus rassurantes qu’auparavant. Cela constitue une nouvelle base pour la stabilité financière de l’AVS, qui pourrait même afficher des résultats équilibrés jusqu’en 2040, à condition de garantir le financement de la 13e rente.
Cependant, cette stabilité retrouvée ne doit pas faire oublier que la question de la 13e rente demeure un enjeu crucial. Selon les prévisions, l’augmentation des rentes, prévue pour 2026, entraînera un retour à la situation déficitaire. Le déficit de l’AVS pourrait atteindre 1,1 milliard de francs en 2026, et les déficits annuels s’aggraveraient progressivement pour atteindre 4,2 milliards de francs en 2035. La question reste donc entière : comment financer cette augmentation sans compromettre la viabilité de l’AVS à long terme ?
Les enjeux du financement de la 13e rente
Si les projections révisées permettent d’espérer un avenir financier moins tendu, un obstacle majeur reste à surmonter : le financement de la 13e rente. L’AVS, pour garantir cette augmentation des rentes, doit trouver de nouvelles sources de financement. Parmi les solutions envisagées, l’augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) a été mise en avant. Une hausse de 0,7% de la TVA à partir de 2027 permettrait de générer environ trois milliards de francs pour l’AVS d’ici 2030. Ce financement serait crucial pour éviter un retour aux déficits et pour maintenir l’équilibre des finances publiques.
Les syndicats ont également proposé d’autres solutions, notamment le financement de la 13e rente par des pourcentages salariaux. Cette option, qui impliquerait des contributions directes des salariés, reste cependant à débattre et à négocier au niveau politique. Le gouvernement, pour sa part, semble favoriser la hausse de la TVA, une mesure qui pourrait stabiliser l’AVS tout en préservant l’équilibre des finances publiques à court terme. Toutefois, cette solution n’a pas encore fait l’objet d’un consensus, et la question du financement à long terme reste encore ouverte. La discussion parlementaire s’annonce complexe, car il sera nécessaire de trouver un compromis entre les différentes propositions, dont certaines visent à améliorer les conditions de retraite des couples mariés, et d’autres insistent sur un financement basé sur la consommation.
Malgré l’optimisme suscité par les révisions des chiffres, il est important de rester prudent face aux incertitudes qui demeurent. L’AVS devra continuer à faire face à des défis importants, notamment liés à l’évolution démographique et aux fluctuations économiques. Bien que la révision des prévisions financières constitue un pas dans la bonne direction, le financement de la 13e rente et la mise en place de réformes structurantes restent des éléments clés pour assurer la pérennité du système.








