En Suisse, la pénurie de médicaments est devenue une crise de plus en plus grave, mettant en danger la santé de nombreux patients. Cette rupture de stock concerne un nombre croissant de médicaments essentiels, perturbant ainsi les traitements des patients et engendrant des risques supplémentaires. La situation n’est pas près de s’améliorer, comme l’illustrent les témoignages et les statistiques récentes.
Les hôpitaux, les établissements médico-sociaux (EMS) et les médecins sont régulièrement confrontés à des ruptures de stock de médicaments. Ces pénuries de plus de 500 médicaments affectent gravement la qualité des soins, avec des conséquences directes pour les patients et le personnel médical. Face à cette situation, les autorités suisses tentent d’adopter des mesures, mais les solutions demeurent insuffisantes.
Une crise de l’approvisionnement en médicaments
Les ruptures de stock de médicaments en Suisse sont de plus en plus fréquentes. En un mois, les hôpitaux, les EMS et les médecins ont signalé plus de 40 incidents d’approvisionnement. Les responsables du système interrégional de déclaration des erreurs Cirrnet, une initiative de la Fondation Sécurité des patients Suisse, ont indiqué qu’un tiers des cas signalés ont mis les patients en danger, rapporte Blick.
Dans certains cas, des traitements ont dû être interrompus ou des médicaments de substitution ont été utilisés, ce qui a entraîné des risques accrus pour la santé des patients. Ces médicaments de substitution ont provoqué des effets indésirables, augmentant ainsi le stress et le sentiment d’insécurité chez le personnel médical et les patients.
Les médicaments manquants concernent principalement des traitements vitaux, comme ceux utilisés pour traiter la maladie de Parkinson, l’épilepsie, ou encore les troubles psychiques. Dans certains cas, la pénurie a conduit à un changement de forme de médicament, comme le passage de comprimés à des gouttes. Ce changement a présenté un défi majeur pour le personnel soignant, qui a dû adapter les ordonnances et organiser la distribution de ces alternatives.
Les causes multiples de la pénurie
L’OFSP (Office fédéral de la santé publique) explique que cette crise est causée par plusieurs facteurs. La petite taille du marché suisse et ses conditions strictes de vente rendent difficile pour les fabricants de maintenir un approvisionnement stable. Les producteurs, préférant des marchés plus rentables, se tournent souvent vers des pays avec des coûts de production plus bas, fragilisant ainsi les chaînes d’approvisionnement.
Le problème est aggravé par des retards de livraison et des ruptures sur des médicaments non vitaux. Certaines ruptures concernent des médicaments essentiels à la survie des patients, tandis que d’autres touchent des traitements moins urgents mais tout de même nécessaires pour la qualité de vie des patients. Les difficultés d’approvisionnement sont également liées à des problèmes dans la gestion des stocks, comme l’absence de stocks suffisants pour couvrir les besoins sur le long terme.
Les tentatives de solution et leurs limites
Face à cette crise, plusieurs initiatives ont été mises en place pour tenter de remédier à la pénurie de médicaments. L’OFSP a lancé des groupes de travail pour trouver des solutions législatives à long terme, mais la mise en œuvre de ces solutions prendra plusieurs années. Parmi les propositions, l’OFSP envisage la simplification des procédures d’autorisation pour les médicaments rares et l’instauration d’incitations pour les fabricants afin d’encourager la production locale.
Un autre projet envisagé est celui de la production de médicaments par la Confédération, qui pourrait être mise en place en cas de crise majeure. Cependant, cette solution est encore à l’étude et pourrait ne pas être suffisante pour résoudre la situation à court terme.
Parallèlement, un référendum a été déposé pour renforcer l’approvisionnement médical en Suisse. Ce texte vise à transférer certaines compétences des cantons à la Confédération afin de garantir une meilleure gestion des stocks et des chaînes d’approvisionnement. Le Conseil fédéral, bien qu’ayant proposé un contre-projet, estime que cette initiative est trop limitée et ne permettrait pas de résoudre le problème de manière effective.
