Après cinq années de présence en Suisse, le Nutri-Score, système d’étiquetage nutritionnel visant à aider les consommateurs à choisir des produits alimentaires plus sains, semble être confronté à un recul significatif.
Ce recul est principalement dû aux décisions de deux grands géants de l’industrie alimentaire, Emmi et Migros, de se retirer du système, soulevant des questions sur l’efficacité et la pertinence du label en tant qu’outil de comparaison.
Emmi et Migros abandonnent le Nutri-Score
En mai 2024, Emmi, le leader suisse dans la transformation du lait, et Migros, une grande chaîne de supermarchés du pays, ont annoncé qu’ils abandonnaient le Nutri-Score. Cette décision marque un tournant important pour un système d’étiquetage qui avait pourtant connu un certain succès lors de son introduction en Suisse en 2019, avec près d’une centaine de fabricants et plus de 9 800 produits engagés à l’introduire.
Emmi a justifié sa décision par le manque de bénéfices concrets pour les consommateurs, citant l’absence de comparabilité avec d’autres produits sur le marché. Selon Simone Burgener, porte-parole d’Emmi, le Nutri-Score n’a pas réussi à démontrer une valeur ajoutée significative. De son côté, Migros, qui a utilisé le Nutri-Score pour ses propres marques depuis 2021, a constaté que les coûts et les efforts nécessaires pour maintenir et adapter le système dépassaient les avantages. La porte-parole de Migros, Estelle Hain, a indiqué que le retour sur investissement n’était pas satisfaisant, poussant ainsi l’entreprise à abandonner le label.
Le Nutri-Score face aux reproches du secteur alimentaire
L’abandon du Nutri-Score par Emmi et Migros survient dans un contexte de critiques croissantes de la part de divers acteurs du secteur alimentaire, notamment l’industrie fromagère suisse. En effet, le système a été vivement critiqué par Switzerland Cheese Marketing, qui dénonce le fait que les fromages suisses traditionnels reçoivent souvent des notes peu flatteuses en raison de leur teneur élevée en matières grasses et en sel. Selon Désirée Stocker, porte-parole de l’organisation, le Nutri-Score pourrait induire les consommateurs en erreur en ne tenant pas compte de la qualité nutritionnelle globale des produits naturels.
En outre, cette critique ne se limite pas à la Suisse. Des pays comme l’Italie et le Portugal ont également exprimé des réserves, arguant que le label ne reflète pas toujours les critères nationaux de ce qui est considéré comme sain. Par ailleurs, le débat s’est intensifié jusqu’au Parlement suisse, qui a récemment adopté une motion visant à réévaluer l’utilisation du Nutri-Score dans la législation alimentaire.
Le Nutri-Score peut-il évoluer ?
Malgré ces critiques, le Nutri-Score reste soutenu par certains grands noms de l’industrie alimentaire, comme Nestlé, qui continue d’utiliser le label en Suisse et exprime sa volonté de voir le système évoluer en fonction des dernières recherches scientifiques. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) considère le Nutri-Score comme un outil important pour guider les choix alimentaires, citant une étude qui montre que le label aide les consommateurs à faire des choix plus sains.
En janvier 2024, une mise à jour de l’algorithme du Nutri-Score est entrée en vigueur en Suisse, obligeant les entreprises à adapter leurs emballages d’ici deux ans. Pour certains, comme Migros, les coûts associés à ces changements sont un facteur déterminant dans leur décision de se retirer du système.
