Depuis plusieurs jours, un courant d’air du sud, alimenté par un vaste anticyclone sur l’Europe de l’Est et une dépression atlantique, transporte la poussière du Sahara à travers l’Europe. Ce vent, en provenance d’Afrique du Nord, absorbe les particules soulevées par les tempêtes de sable dans le désert.
Après avoir traversé l’Espagne et la France, ce courant de foehn de sud à sud-ouest renforcé a franchi les Alpes, et la poussière atteint désormais la Suisse. Les concentrations de poussière devraient être faibles jeudi soir, mais elles augmenteront progressivement jusqu’à leur pic attendu vendredi soir, avant de diminuer dans la nuit de vendredi à samedi, selon les prévisions de MeteoNews.
Ce phénomène, bien qu’habituel, n’en est pas moins frappant. Le ciel prend une teinte particulière, passant du rouge au jaune ocre en fonction de la concentration de poussière dans l’air. En raison de cette présence massive de particules, l’air devient nettement plus opaque, et le soleil se trouve souvent voilé, donnant à la journée une lumière diffuse et moins intense. Ces phénomènes ont déjà eu lieu par le passé, mais leur intensité varie selon les conditions météorologiques.
Impact visuel et effets sur l’environnement
L’une des premières conséquences visibles de cet épisode est l’opacité de l’air. Lorsque la concentration de poussière est élevée, le ciel prend une couleur jaune terne, et la lumière solaire devient beaucoup plus diffuse. En soirée, ce phénomène de poussière renforce parfois le rouge du coucher du soleil, donnant des teintes encore plus marquées à l’horizon. MeteoNews précise que la poussière est principalement composée de quartz, et sa présence dans l’atmosphère provoque non seulement un changement dans l’apparence du ciel, mais aussi une modification de la qualité de l’air.
Ce phénomène peut aussi se traduire par un impact plus concret, à savoir les « pluies de sang ». Ces précipitations, qui se produisent lorsque la pluie lave la poussière de l’air, donnent aux gouttes une couleur rougeâtre, déposant une fine couche de poussière brun-rouge sur les surfaces extérieures telles que les voitures, les fenêtres et les meubles de jardin. Les zones couvertes de neige ne sont pas épargnées. En effet, la poussière qui s’y dépose peut lui donner une teinte jaunâtre ou brunâtre, réduisant ainsi le pouvoir réfléchissant de la neige et accélérant la fonte des glaciers.
Un autre effet moins visible mais tout aussi important concerne l’impact sur les glaciers. La neige recouverte de poussière absorbe davantage de chaleur que la neige pure, ce qui augmente la vitesse de sa fonte sous l’effet du réchauffement solaire. Les glaciers qui subissent ces dépôts sahariens risquent donc de perdre de la masse plus rapidement que ceux qui ne sont pas affectés par ce phénomène.
Un phénomène aux multiples facettes : nuisances et bénéfices
La poussière du Sahara, bien que source de nuisances pour les habitants, joue également un rôle écologique important. Selon MeteoNews, le mélange de sable de quartz, d’argile et d’autres particules est un engrais naturel qui fertilise certains sols, notamment ceux de la forêt amazonienne. Chaque année, environ 40 millions de tonnes de poussière saharienne sont transportées par les vents jusqu’à la région amazonienne, apportant des minéraux essentiels aux sols tropicaux. Cet apport est crucial pour maintenir la fertilité des sols dans des régions qui, autrement, seraient pauvres en nutriments.
En Europe, la poussière du Sahara a également un effet sur la dynamique climatique. Lorsque les particules s’accumulent en grande quantité, elles peuvent inhiber la formation des ouragans dans l’Atlantique. En effet, la poussière agit comme un filtre solaire, réduisant la quantité de lumière qui atteint la surface de la mer et diminuant ainsi l’énergie disponible pour les tempêtes tropicales. Cette capacité à limiter la formation d’ouragans est un des effets paradoxaux de la poussière saharienne : si elle est une nuisance dans certaines régions, elle joue un rôle dans la régulation climatique à une échelle plus large.