Dans les rouages complexes de l'horlogerie suisse, le tic-tac incessant des défis et des opportunités crée une symphonie en constante évolution.
L'horlogerie suisse est en pleine tourmente, où les vents contraires du marché chinois et les fluctuations économiques mondiales mettent à l'épreuve l'industrie de la montre helvétique. Alors que les exportations chutent et que les défis s'accumulent, un regard sans concession sur les enjeux et les perspectives d'un secteur emblématique en reconfiguration.
L'horlogerie suisse face au temps qui se fige
La situation de l'horlogerie suisse est sous pression en raison du climat de consommation difficile en Chine, comme l'avaient déjà laissé entendre les résultats semestriels de Swatch Group et les trimestriels de Richemont. Selon les dernières statistiques douanières, les exportations de montres ont chuté de manière significative en juin, en grande partie à cause de la baisse des ventes en Chine (-36,5 %) et à Hong Kong (-23,1 %).
Yves Bugmann, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH), a souligné que « cette situation n'était pas vraiment surprenante, la tendance à la baisse étant déjà observée depuis un certain temps ». Il a expliqué que l'insécurité économique actuelle était préjudiciable à l'industrie horlogère suisse, qui est très sensible aux fluctuations du marché. Les premiers signes de ralentissement remontent à juillet 2023, lorsque la croissance des ventes a commencé à perdre en dynamisme.
Malgré cette conjoncture difficile, la FH garde espoir en soulignant que l'industrie horlogère est cyclique et habituée aux risques économiques. Il reste optimiste quant à la capacité du secteur à rebondir et à surmonter cette période difficile.
La Chine horlogère en constant mouvement
Une franche coupe dans le marché chinois de l'horlogerie, mais pas de plafond en vue. La question qui subsiste est la durée du cycle baissier, alors que le président de la FH reste confiant quant au dégagement futur du ciel chinois. Il continue de souligner « le potentiel important » de la Chine, tout en indiquant que la configuration actuelle ne signifie pas que le marché a atteint un plafond. Les discussions sur la « modernisation » de l'accord de libre-échange et la réduction des droits de douane constituent des éléments de soutien, selon ses dires lors de la visite du ministre de l'économie Guy Parmelin à Pékin fin juin.
« Le marché chinois demeure prometteur », conclut-il, soulignant que ce n'est pas seulement un problème pour l'horlogerie mais aussi pour d'autres biens discrétionnaires. Il mentionne la maroquinerie et la joaillerie comme étant moins affectées par le ralentissement, voire en concurrence avec les montres, comme le rapporte la FH.
Malgré un choc brutal, la Chine est désormais un acteur de premier plan sur le marché horloger, passant de la quatrième position en juin aux exportations chinoises à des performances surpassant parfois la demande américaine. L'entrée de la Chine dans l'OMC en 2001 a marqué le début de sa montée en puissance dans l'horlogerie, franchissant le cap du milliard de francs en 2010 grâce notamment à l'implantation des marques et des groupes ainsi que de la distribution locale. Le tourisme d'achat reste également un facteur non négligeable dans cette croissance.
Le Japon en tête des ventes, une croissance spectaculaire de 13,2 % en juin
Le Japon a enregistré une croissance remarquable de 13,2 % au mois de juin, portée notamment par l'intérêt accru de la clientèle chinoise pour la faiblesse du yen. Sur le premier semestre, les États-Unis maintiennent leur position de premier débouché avec une progression de 3,6 %, malgré une base de comparaison déjà élevée. En Europe, la France se démarque avec une hausse de 3,8 %, probablement due à l'impact positif des Jeux olympiques. En revanche, d'autres marchés européens tels que le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne ont enregistré des baisses significatives, avec des chutes respectives de 1,4 %, 5,1 %, 6,1 % et 3,5 %.
La montre suisse confrontée à un premier semestre en baisse
Les exportations suisses de montres ont connu un recul global de 3 % au cours du premier semestre, atteignant un montant de 12,3 milliards de francs. Les volumes ont également diminué de 9,9 %, avec 7,7 millions de montres exportées, soit 810 000 pièces de moins par rapport à l'année précédente.
Les montres en acier ont enregistré une baisse de 10,8 % en valeur, tandis que les montres en métaux précieux ont maintenu une légère croissance de 2,0 %. Le segment moyen de gamme, entre 500 et 3000 francs, a été le plus affecté avec une diminution de 19 %, représentant 15 % de la valeur totale des exportations. Les montres de moins de 500 francs ont également enregistré un recul de 7 %.
En ce qui concerne les montres de 3000 francs et plus, qui ont été un moteur de croissance ces dernières années, elles sont restées pratiquement stables avec une progression de seulement 0,7 % en juin. Cette catégorie haut de gamme a donc été impactée par la tendance générale de recul observée sur le marché horloger suisse.