Depuis le 1ᵉʳ octobre 2024, la nouvelle loi suisse sur les produits du tabac est entrée en vigueur. Cette législation introduit plusieurs restrictions, telles que l’interdiction de la publicité pour les produits du tabac, une réglementation nationale sur la vente aux mineurs, mais surtout une augmentation des prix. Toutefois, sur le terrain, la mise en application de ces hausses semble loin d’être homogène.
En effet, malgré la législation en vigueur, les commerçants paraissent peu informés ou réticents à ajuster leurs tarifs. De nombreux clients, quant à eux, n’ont pas encore pris conscience de ces changements.
Une hausse des prix qui échappe aux kiosques
L’une des mesures phares de cette nouvelle loi sur les produits du tabac est la hausse des prix des recharges pour e-cigarettes et cigarettes électroniques jetables. Cependant, d’après une enquête menée dans de nombreux kiosques à Lausanne révèle que les commerçants ne semblent pas avoir modifié leurs tarifs en conséquence.
En effet, les employés des points de vente interrogés par nos confrères de Watson, affirment ne pas avoir eu de consignes précises sur ces augmentations du prix du tabac et certains ignorent même l’existence de la nouvelle loi. Dans plusieurs cas, les vendeurs mentionnent que les prix resteront inchangés tant qu’il y aura du stock.
Un kiosquier près de Bessières a, par exemple, affirmé à la même source qu’il n’avait aucune intention de changer ses prix. D’autres, comme à la Coop Caroline, expliquent que les prix du tabac pourraient évoluer uniquement lorsque les produits invendus seront récupérés par les fournisseurs pour ajuster les tarifs sur les nouveaux emballages, qui pour le moment affichent l’ancien prix.
Une loi partiellement comprise par les commerçants
Si certains commerçants semblent ne pas être informés de la nouvelle réglementation, d’autres admettent avoir entendu parler des changements, mais de manière partielle. Par exemple, un kiosquier du centre de Lausanne pensait que les nouvelles mesures s’appliqueraient seulement le lendemain, ignorant que la loi était déjà en vigueur. Pour lui, seule l’interdiction des grandes cigarettes électroniques jetables, celles à plus de 800 bouffées, était à l’ordre du jour. Quant à une possible augmentation de prix, il estime que cela pourrait concerner les commerçants, mais pas les clients.
D’autres, notamment dans une grande chaîne de kiosques située au Flon, ont été informés de l’interdiction de faire de la publicité pour les promotions sur les produits du tabac. Pourtant, la hausse des prix des e-cigarettes jetables n’y est pas encore appliquée. Selon une employée, les promotions ont été adaptées pour contourner la législation, avec des offres implicites telles que « 4 paquets pour 4,50 francs », laissant le soin aux clients de faire le calcul eux-mêmes.
Néanmoins, certains commerçants, conscients de l’interdiction des grandes cigarettes électroniques jetables, affirment qu’une augmentation de prix pour les plus petites puffs est à prévoir, à hauteur de 1,80 franc par pièce. Ce prix est d’ailleurs imprimé sur la plupart des emballages, empêchant les kiosquiers de vendre plus cher.
Les consommateurs du tabac entre scepticisme et abandon
Du côté des consommateurs, la réaction face à cette potentielle hausse des prix est mitigée. Un jeune homme, interrogé à la sortie d’un kiosque, envisage de contourner la hausse des prix en se fournissant à l’étranger, où ces produits sont moins chers. « Au pire, on commandera à l’étranger, ou on achètera des stocks quand on sera en vacances », explique-t-il au même média, faisant écho à une tendance que la hausse pourrait encourager.
En revanche, son amie voit dans cette augmentation une possible opportunité d’arrêter. Bien que séduite par les saveurs des puffs, elle admet que ce coût supplémentaire pourrait la dissuader de continuer à fumer. « Ça fait un gros trou dans le budget, ce truc », confie-t-elle, exprimant son regret d’avoir commencé à fumer ces produits.