Guerre des prix sur la viande fraîche en Suisse : Lidl, Coop, Migros… qui vend la viande la moins chère ?

La guerre des prix sur la viande en Suisse s’intensifie, remodelant les stratégies commerciales et les habitudes de consommation sans nuire, pour l’instant, aux producteurs.

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Guerre de la viande
Guerre des prix sur la viande fraîche en Suisse : Lidl, Coop, Migros… qui vend la viande la moins chère ? : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

Depuis plus d’un an, la viande fraîche est au cœur d’une guerre commerciale entre les grands distributeurs suisses. En septembre 2024, Aldi a déclenché une nouvelle vague de baisses de prix, bouleversant les équilibres dans le secteur. 

Cette offensive a rapidement été suivie par Denner, Lidl, Coop et Migros, chacun tentant de ne pas perdre de terrain dans un marché devenu hautement concurrentiel. L’enjeu ne se limite pas aux chiffres : il redessine les habitudes de consommation, les stratégies des enseignes et suscite des inquiétudes dans les milieux agricoles.

Lidl en tête, mais une concurrence plus serrée que jamais

La comparaison de Blick, fondée sur 17 types de viandes fraîches et réalisée un jour précis, montre que les prix sont désormais extrêmement resserrés entre les distributeurs. C’est Lidl qui arrive en tête, avec les prix moyens les plus bas sur l’ensemble des produits analysés. Coop, de façon inattendue, se classe en deuxième position, devançant Aldi. Ces trois enseignes affichent des écarts de moins de 40 centimes entre elles, soulignant à quel point la compétition est devenue millimétrée.

En revanche, Denner se retrouve à l’arrière du peloton, battu sur ses propres prix par sa maison-mère Migros, une surprise notable dans le duel interne du géant orange. Cette configuration souligne une réalité : les prix ne dépendent plus uniquement de la politique tarifaire habituelle des enseignes, mais d’un ajustement quasi-quotidien dicté par l’observation de la concurrence. Pour certaines références stratégiques, comme la côtelette de porc maigre ou le bœuf haché, quatre enseignes sur cinq proposent exactement le même prix aux 100 grammes, preuve d’un alignement presque automatique.

Aldi et Lidl, en particulier, ajustent leurs prix en miroir. Les écarts entre les deux discounters ne concernent que deux produits sur l’ensemble du panier analysé. Coop et Migros suivent une stratégie comparable en s’alignant régulièrement sur les prix les plus bas constatés chez l’autre. Le positionnement tarifaire est devenu un levier central pour conserver la clientèle, dans un contexte où les consommateurs suisses sont de plus en plus sensibles aux prix, notamment sur des produits comme la viande.

Une pression sur les produits labellisés et des inquiétudes agricoles

Cette guerre des prix produit des effets visibles sur le comportement des consommateurs. Les viandes labellisées, plus chères, subissent une baisse de popularité. En moyenne, ces produits affichent des prix entre 50 % et 100 % plus élevés que les viandes standards. Parfois, l’écart dépasse même ce seuil : chez Coop et Migros, 100 grammes de poitrine de poulet standard coûtent 1,50 franc, contre 5,60 francs pour la version bio, soit presque quatre fois plus cher.

Une telle différence influence directement le choix des ménages. Pour Stefan Flückiger, président de l’association Marchés équitables Suisse, la responsabilité revient au commerce de détail. Il souligne que « ce n’est pas la faute de la clientèle si elle se tourne vers la viande bon marché, mais celle du commerce ». Selon lui, face à des écarts de prix aussi importants, il est compréhensible que les clients privilégient l’option la moins chère.

Les milieux agricoles ont également exprimé leurs craintes. Une chute des prix pourrait logiquement conduire à une pression sur les producteurs. Pourtant, d’après Flückiger, les prix à la production sont actuellement supérieurs à ceux de l’an dernier dans toutes les catégories. La demande soutenue et une offre réduite expliquent cette situation favorable, qui atténue pour l’instant les risques d’effondrement des marges chez les éleveurs.

Mais pour les distributeurs, cette guerre des prix reste un choix stratégique. Le renchérissement général a rendu les consommateurs suisses plus sensibles aux promotions, d’autant plus que la consommation nationale de viande est en baisse, tombant en 2024 sous les 50 kg par personne. Pour freiner les achats transfrontaliers, notamment vers l’Allemagne où les prix sont plus bas, les enseignes suisses misent sur une stratégie de fidélisation par les prix bas.

La viande est aussi un produit dit de combinaison : les clients qui en achètent ont tendance à remplir davantage leur panier. En attirant ces acheteurs, les enseignes espèrent augmenter la dépense moyenne par visite. « Les acheteurs de viande sont des clients précieux », confiait récemment un expert à Blick, résumant l’enjeu de cette bataille de manière limpide.

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