Les grands patrons ont du souci à se faire : la Suisse veut plafonner les salaires dans ce secteur en pleine tension

Le projet de plafonnement des salaires des dirigeants d’assurances maladie en Suisse vise à contenir l’augmentation des primes tout en soulevant des enjeux de compétitivité.

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Salaires en Suisse
Les grands patrons ont du souci à se faire : la Suisse veut plafonner les salaires dans ce secteur en pleine tension : Crédit : ominik Wunderli / Shutterstock, montage watson | Econostrum.info - Suisse

Depuis plusieurs années, la question de l’augmentation des primes d’assurance maladie suscite de vives inquiétudes en Suisse. En parallèle, la rémunération des dirigeants d’assurances maladie est devenue un sujet de plus en plus sensible. Face à des salaires jugés excessifs dans un secteur pourtant protégé, le Parlement suisse, par le biais de la Commission de la sécurité sociale du Conseil national, a proposé un projet visant à plafonner ces rémunérations. 

Ce projet, mis en consultation récemment, vise à limiter les indemnités des dirigeants des assurances qui offrent des prestations dans le cadre de l’assurance maladie obligatoire. Cette initiative intervient dans un contexte où les primes continuent de grimper chaque année, pesant lourdement sur les ménages et les collectivités publiques.

Une décision motivée par l’augmentation des primes d’assurance

Le secteur des assurances maladie en Suisse est un domaine particulièrement régulé, où l’affiliation est obligatoire et où le catalogue de prestations est identique pour tous les assureurs. Cependant, malgré cette régulation, les primes ne cessent d’augmenter, année après année, ce qui entraîne une pression croissante sur les assurés. En 2025, par exemple, la prime moyenne a enregistré une hausse de 4,4%, un fardeau supplémentaire pour les familles suisses. Cette situation devient d’autant plus problématique lorsqu’on constate que, dans ce même secteur, les rémunérations des dirigeants atteignent des niveaux jugés excessifs, surtout au regard de la situation économique générale.

La Commission de la sécurité sociale du Conseil national estime que ces salaires sont «inacceptables» et qu’ils ne sont pas justifiables, étant donné la situation des assurés, rapporte Watson. En effet, dans un secteur où l’affiliation est obligatoire et où la concurrence est limitée, il semble incohérent qu’un directeur d’assurance puisse percevoir une rémunération supérieure à celle des plus hauts fonctionnaires de l’administration fédérale. La commission met en lumière un contraste entre l’augmentation des primes d’assurance et la hausse des salaires des dirigeants des assurances, ce qui est perçu comme une injustice, d’autant plus que l’impact de ces hausses de primes est largement ressenti par les assurés.

Dans ce contexte, le projet de plafonnement des salaires vise à établir une limite claire et équitable pour les dirigeants des assurances maladie. Le texte proposé stipule que le Conseil fédéral devrait fixer un montant maximal pour les salaires des membres des directions et des conseils d’administration des assurances qui proposent des prestations dans le cadre de l’assurance de base. Ce montant serait aligné sur les salaires les plus élevés dans l’administration fédérale, tout en prenant en compte le nombre d’assurés et les coûts globaux par personne assurée.

La régulation des salaires : un débat complexe entre équité et compétitivité

Le projet de plafonnement des salaires des dirigeants d’assurances maladie a reçu un accueil mitigé. D’un côté, cette mesure est perçue comme une tentative nécessaire pour freiner l’augmentation des primes, en instaurant une forme d’équité dans un secteur où les revenus des dirigeants semblent disproportionnés par rapport aux bénéfices réalisés par les caisses maladie. De l’autre côté, certains acteurs du secteur estiment que cette régulation pourrait nuire à la compétitivité du marché, en rendant plus difficile le recrutement de talents dans un secteur déjà complexe et très surveillé par les autorités.

Le texte en consultation précise que le plafonnement ne concernerait pas les assurances maladie complémentaires, qui sont régies par des règles différentes. De plus, il est important de noter que cette décision intervient dans un marché très particulier, où la régulation publique est déjà omniprésente. Les assureurs, bien qu’ayant une certaine liberté de gestion, doivent respecter un cadre légal très strict, ce qui limite déjà leur marge de manœuvre pour ajuster leurs offres. Les dirigeants d’assureurs soulignent qu’une rémunération compétitive est nécessaire pour attirer et maintenir des profils de haut niveau capables de gérer les défis complexes du système de santé.

Néanmoins, la majorité des membres du Conseil des États a donné son feu vert à cette proposition, estimant que l’augmentation des rémunérations dans ce marché protégé est «inconvenante», surtout compte tenu de la hausse des primes. Cette position renforce l’idée qu’il est difficilement acceptable que les responsables d’assureurs bénéficient de salaires élevés dans un contexte où les assurés peinent déjà à faire face aux hausses des cotisations.

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