Une étude récente de l’Observatoire statistique transfrontalier (OST) montre que les travailleurs frontaliers, vivant autour de Genève, touchent des salaires bien plus élevés que ceux qui ne franchissent pas la frontière. L’écart est particulièrement marqué dans certaines communes, où les revenus des frontaliers peuvent atteindre jusqu’à deux fois ceux des non-frontaliers.
Ce phénomène trouve son origine dans l’attractivité de l’économie suisse, dont les salaires élevés exercent une forte influence sur les régions frontalières françaises. Les données récentes dévoilent ainsi une disparité impressionnante de revenus, particulièrement visible dans le Grand Genève, où les frontaliers bénéficient de niveaux de vie nettement supérieurs à leurs voisins.
Une étude révélatrice sur les revenus des frontaliers
L’Observatoire statistique transfrontalier (OST) a publié une étude concernant le revenu disponible médian des habitants du Genevois français, en 2018. Celle-ci met en évidence une grande disparité entre les frontaliers et les non-frontaliers : les premiers perçoivent un revenu médian de 41 900 euros, tandis que les seconds touchent 20 200 euros.
Un écart qui, selon l’OST, est comparable à celui des habitants du canton de Genève, dont le revenu médian s’élève à 42 100 euros. Ce décalage est d’autant plus impressionnant que les salaires des frontaliers sont quasiment deux fois plus élevés que ceux des non-frontaliers (OST).
Dans certaines communes proches de la frontière, comme Annemasse, cet écart est encore plus marqué. Les frontaliers y gagnent 115 % de plus que les non-frontaliers, avec un revenu médian de 33 341 euros contre 15 514 euros.
À Gex, la différence atteint 128 %, et à Saint-Julien-en-Genevois, elle atteint même 169 %, avec un revenu médian de 44 894 euros pour les frontaliers, contre 16 669 euros pour les non-frontaliers. Ces chiffres témoignent d’une inégalité croissante au sein des zones frontalières françaises, où les différences de revenus sont de plus en plus frappantes.
L’influence de l’économie suisse sur les zones frontalières
Les salaires élevés en Suisse exercent une forte attractivité sur les régions frontalières françaises, avec une part importante des ménages percevant des revenus issus de l’économie suisse. Dans les communes les plus proches de Genève, jusqu’à deux tiers des foyers bénéficient d’un revenu provenant de la Suisse.
Cet afflux de revenus suisses est particulièrement visible dans les communautés de communes du Genevois et du Pays de Gex, où les revenus médians sont parmi les plus élevés de France.
L’OST souligne que ces régions offrent des salaires nettement plus élevés que ceux observés dans d’autres parties de la France. Par exemple, le revenu médian des habitants du Genevois français, qui s’élève à 29 400 euros, est supérieur de 31 % à celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes (22 500 euros) et de 25 % à celui du département de l’Ain (23 400 euros). De plus, les habitants du Genevois bénéficient également de revenus plus élevés que ceux de la Haute-Savoie (26 600 euros) (OST).
Des disparités qui redéfinissent le paysage économique local
L’influence de la Suisse est également évidente dans la répartition des revenus au sein des communes frontalières. Les zones proches de Genève, comme le Pays de Gex, sont désormais des pôles économiques majeurs en France, surpassant largement d’autres régions françaises en termes de niveau de vie.
Ce phénomène est d’autant plus visible que ces zones présentent les revenus médians les plus élevés de toute la France métropolitaine, avec un quart de leurs habitants touchant des revenus supérieurs à 55 000 euros.
Ces différences de salaires ont des conséquences sur la vie locale, notamment en matière de consommation et de niveau de vie. Le revenu élevé des frontaliers influe sur l’économie des communes frontalières, contribuant à augmenter la demande de biens et services, mais générant également des tensions entre frontaliers et non-frontaliers, ces derniers percevant des revenus nettement inférieurs.
L’OST observe que les zones présentant les revenus les plus bas, telles que le Pays Bellegardien et Faucigny-Glières, sont aussi celles où la proportion de travailleurs frontaliers est la plus faible. Cela suggère que l’impact des salaires suisses reste limité dans ces régions, et que les travailleurs non-frontaliers y disposent de niveaux de vie moins élevés (OST).