Une fin d’année macabre pour l’emploi Suisse : Ce géant de la pharma supprime 550 postes 

Novartis annonce la suppression de 550 postes à Stein, provoquant un choc social et des tensions avec les syndicats, qui dénoncent une rupture d’engagements.

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Suisse
Une fin d'année macabre pour l'emploi Suisse : Ce géant de la pharma supprime 550 postes : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

L’annonce de Novartis concernant la suppression de 550 postes à Stein, en Argovie, a créé un véritable choc au sein de l’entreprise et dans la région. Ce projet de réduction d’effectifs affecte plus d’un tiers des 1600 employés du site de production, marquant un tournant dans la politique de gestion des ressources humaines du groupe pharmaceutique suisse. 

Alors que les syndicats, en particulier Unia, dénoncent une rupture de confiance, la direction de Novartis défend sa décision comme une nécessité pour assurer la compétitivité de ses opérations. Cette annonce survient alors que la multinationale avait récemment assuré aux syndicats que le site était pérenne et que les postes n’étaient pas menacés.

Une surprise pour les syndicats : un engagement non respecté

La gestion des ressources humaines chez Novartis a pris un tournant inattendu. Quelques semaines avant l’annonce des licenciements massifs, la direction du groupe avait assuré à Unia, le plus grand syndicat de Suisse, que le site de Stein ne subirait aucune fermeture et que les emplois étaient sécurisés. Ces assurances ont été données lors de discussions portant sur les investissements de Novartis, notamment aux États-Unis, et sur l’avenir du site en Suisse. Corinne Schärer, coresponsable du secteur Industrie chez Unia, a rappelé que les représentants de Novartis avaient clairement indiqué qu’aucun emploi n’était menacé et que le groupe prévoyait d’investir à Stein. Cette rupture brutale des engagements a plongé les syndicats et les employés dans un profond désarroi.

En réponse à ces affirmations, Unia a exprimé sa déception et son incompréhension face à la décision de Novartis, qu’il qualifie de “catastrophique” pour le personnel. Le syndicat Syna, qui a confirmé les échanges avec la direction, se joint à cette critique, soulignant que les employés se retrouvent pris au dépourvu après avoir été rassurés sur l’avenir de leur site de travail. L’accusation de non-respect des engagements vient renforcer un climat déjà tendu autour des grandes entreprises pharmaceutiques en Suisse, où les suppressions d’emplois deviennent un phénomène récurrent ces dernières années.

Cette décision survient alors que le groupe Novartis a annoncé la fin de la production de comprimés et de gélules à Stein d’ici à 2027, ainsi que le conditionnement des médicaments stériles. Cependant, la société ne précise pas où la production sera transférée, ce qui alimente les spéculations sur une éventuelle délocalisation vers des sites à l’étranger, notamment aux États-Unis. La question reste en suspens, car Novartis a indiqué qu’elle examinait simplement des renforcements de ses sites mondiaux sans pour autant établir de lien direct avec l’expansion de ses activités américaines.

Un secteur en mutation : l’automatisation et la compétitivité au cœur du projet

La réduction des effectifs s’inscrit dans la stratégie plus large de Novartis pour maintenir une production compétitive en Suisse. L’entreprise, confrontée à une pression constante pour réduire les coûts de production, a fait le choix de se concentrer sur des technologies de fabrication innovantes et un haut degré d’automatisation. Ce processus vise à assurer la pérennité des sites suisses tout en rationalisant les opérations et en maximisant la rentabilité.

Novartis explique que seuls les domaines d’activité à rendements élevés et nécessitant un personnel spécialisé continueront à être opérés en Suisse. Dans cette logique, le groupe a annoncé son intention d’investir 80 millions de francs dans la production de molécules d’ARN sur son site de Schweizerhalle, dans le canton de Bâle-Landschaft, avec la création de 80 emplois d’ici à 2028, relate Blick. Cette initiative vise à renforcer le secteur des biotechnologies et à adapter les activités de Novartis aux nouvelles exigences du marché pharmaceutique.

Cependant, cette stratégie n’est pas sans controverse. Unia critique cette approche en estimant que Novartis privilégie ses profits, déjà conséquents, au détriment du bien-être de ses employés. Le syndicat reproche à l’entreprise d’augmenter ses bénéfices tout en réduisant son personnel, ce qui remet en question l’engagement de la multinationale envers ses salariés et la stabilité de l’emploi en Suisse. Corinne Schärer a ainsi appelé à prolonger la procédure de consultation, soulignant que celle-ci ne devait pas être un simple “exercice alibi” mais un véritable outil pour trouver des solutions pour maintenir les emplois à Stein.

En parallèle, les investissements massifs de Novartis aux États-Unis, à hauteur de 23 milliards de dollars, soulèvent des interrogations sur la future répartition de la production pharmaceutique mondiale. La question de savoir si ces investissements entraîneront une délocalisation progressive de la production de Novartis en Suisse reste en suspens.

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