Depuis le 22 mars 2025, les travailleurs frontaliers français ayant perdu leur emploi en Suisse doivent désormais accepter des offres d’emploi « raisonnables » en lien avec le marché français, y compris en ce qui concerne la rémunération.
En vertu de cette réforme, France Travail est chargé de les accompagner pendant deux mois dans leur recherche d’emploi, offrant des propositions tant en France qu’à l’étranger. Cependant, passé ce délai, l’accompagnement se concentre exclusivement sur le marché français. Après deux refus d’offres jugées conformes aux critères établis, le droit aux allocations chômage est suspendu.
Cette réforme, selon Capital, vise à réduire les coûts de l’assurance chômage, qui en 2023 s’élevaient à 800 millions d’euros pour les frontaliers. En effet, la Suisse rembourse seulement 20 % des indemnités versées aux travailleurs transfrontaliers licenciés.
Le reste de la charge incombe à la France, un déséquilibre que l’État cherche désormais à corriger. Cette nouvelle règle, qui oblige les frontaliers à accepter des emplois « raisonnables » au regard des standards français, ne modifie ni le montant ni la durée des indemnités, mais revoit en profondeur les critères d’acceptation des offres d’emploi.
Des critères stricts pour les offres d’emploi
Les travailleurs frontaliers doivent désormais accepter des offres d’emploi en France, qui répondent à trois critères précis pour être considérées comme « raisonnables ». Le premier critère est la compatibilité de l’offre avec les compétences et le profil du demandeur d’emploi. Le second critère concerne la distance géographique, l’offre doit être située à une distance raisonnable du domicile du travailleur.
Par exemple, un frontalier résidant à Annemasse ne peut se voir imposer une offre située à Lyon. Enfin, le critère salarial a été précisé : le montant proposé doit correspondre aux salaires « habituellement pratiqués dans la zone de recherche, mais uniquement en France ». Ce dernier point marque une différence notable par rapport aux salaires plus élevés que les frontaliers touchaient en Suisse.
Selon France 3, ces nouvelles règles ont été largement critiquées par les travailleurs frontaliers, qui jugent cette réforme injuste. Ils considèrent que les conditions de travail et de rémunération en Suisse sont bien supérieures à celles de la France, ce qui rend difficile l’acceptation d’un poste moins payé.
La réforme ne semble pas tenir compte des réalités économiques des travailleurs, qui, en dépit de leur emploi en Suisse, apportent des contributions significatives à l’économie française, par exemple en matière de consommation ou d’investissements immobiliers.
Une réforme qui divise les frontaliers
La réforme a suscité de nombreuses réactions parmi les travailleurs frontaliers. Nombreux sont ceux qui estiment que cette décision est une forme de « punition » pour avoir travaillé en Suisse, alors que ces travailleurs cotisent dans le pays pour leurs droits au chômage.
Selon certains témoignages rapportés par le média français, cette mesure serait perçue comme une remise en cause de leur statut particulier et pourrait même affecter leur niveau de vie, plus élevé que celui d’un salarié français lambda. En effet, un frontalier a un « train de vie » qui pourrait devenir difficile à maintenir si les offres d’emploi proposées sont bien moins rémunérées que celles auxquelles il était habitué en Suisse.
Des critiques sont également formulées sur le fait que la réforme ne prend pas en compte les différences de coût de la vie entre la Suisse et la France. Les frontaliers injectent chaque année des sommes importantes dans l’économie française, via des achats immobiliers, des impôts locaux et d’autres formes de consommation, ce qui, selon eux, ne semble pas être pris en compte dans les calculs de cette réforme.
Plusieurs associations de frontaliers ont d’ores et déjà annoncé leur intention de porter leurs revendications au niveau européen, afin de défendre les intérêts des travailleurs transfrontaliers face à des politiques qu’elles jugent injustes.