Chaque année, l’arrivée des fêtes de fin d’année amplifie les volumes de colis livrés dans toute la Suisse. Cette année encore, les centres logistiques de La Poste ont enregistré jusqu’à un million de paquets par jour. Mais en parallèle de cette effervescence, les vols de colis connaissent un essor préoccupant. En 2023, plus de 20 000 colis ont disparu dans la région, et près de 2500 plaintes ont été déposées, notamment dans les cantons de Vaud et Genève. Les vols, souvent commis par des individus opportunistes ou des réseaux organisés, prennent la forme de dérobades dans des boîtes aux lettres ou devant les portes des destinataires. Un phénomène qui touche également des objets en particulier, comme l’informatique ou les appareils électroniques, visés en raison de leur valeur marchande.
Les autorités constatent des hausses spectaculaires dans plusieurs régions. Dans le canton de Vaud, par exemple, le nombre de vols a doublé par rapport à 2022. Genève, Fribourg, Neuchâtel et Berne ont aussi observé des augmentations variant entre 30 et 50 %, tandis que d’autres cantons comme le Valais et le Jura n’ont pas enregistré de changements notables. Malgré ces statistiques, il est important de noter que ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité, car de nombreuses victimes ne portent pas plainte, soit par découragement, soit par méconnaissance de leurs droits.
Un système juridique inadapté face aux vols
Face à cette explosion des vols de colis, les victimes se retrouvent souvent sans recours. Selon la législation actuelle, une fois qu’un colis est livré, sa responsabilité incombe au destinataire, ce qui rend difficile la réclamation en cas de vol. De nombreux colis sont laissés dans des endroits considérés comme « sûrs », comme des cages d’escalier ou devant les portes, mais ces zones sont facilement accessibles aux voleurs. La Fédération romande des consommateurs (FRC) plaide pour une réforme législative qui transférerait la responsabilité du vol au vendeur ou au transporteur une fois la livraison effectuée, comme c’est déjà le cas dans le cadre du droit européen. Cette proposition, bien qu’ayant été portée devant le Conseil fédéral, attend encore d’être examinée.
Cette situation soulève de nombreuses inquiétudes, notamment pour les personnes qui ne peuvent pas toujours réceptionner leurs colis en mains propres. Le recours aux livraisons dans des lieux ouverts ou accessibles à tous semble poser un problème majeur, et cela, d’autant plus que les vols se font souvent dans des circonstances anodines, comme une simple livraison dans une boîte aux lettres.
Des solutions peu satisfaisantes pour les victimes
En attendant des changements législatifs, les consommateurs doivent se tourner vers leurs assurances, bien que les indemnités restent limitées et que des franchises souvent élevées viennent réduire les compensations. Certaines entreprises, comme le site de vente en ligne QoQa, acceptent de rembourser ou de renvoyer les articles volés, mais cette solution reste l’exception plutôt que la norme.
Pour contrer ces vols, certains experts recommandent de privilégier les livraisons en mains propres ou dans des points relais sécurisés. Toutefois, ces options ne sont pas accessibles à tous, et bon nombre de consommateurs doivent faire face à des zones de livraison insuffisamment sécurisées.
Les vols de colis restent un problème majeur en Suisse romande, surtout en cette période où les livraisons sont nombreuses. Sans une révision en profondeur du cadre juridique, les consommateurs risquent de continuer à se retrouver vulnérables face à ce fléau. Les autorités et les entreprises doivent agir rapidement pour trouver des solutions efficaces et sécurisées pour les millions de colis envoyés chaque année.
