La Shrinkflation est une pratique consistant, en quelque sorte, à masquer l'inflation, en réduisant les quantités des produits alimentaires vendus, tout en maintenant les prix. Selon Bercy et les distributeurs, il est primordial de tenir informer les consommateurs de l'application de cette mesure.
Une pratique légale mais...
La shrinkflation, qui contient le mot shrink, signifiant « rétrécir », est une mesure légale, mais dans la condition où le poids du produit soit modifié sur l'emballage. Néanmoins, la modification du grammage n'est pas suffisante, étant donné que l'emballage demeure inchangé, en dépit du changement du poids. Toutefois, cette mesure ne fait pas l'unanimité, d'autant plus après que la hausse des prix des produits alimentaires est passée à 11,1% sur un an en août 2023. D'après Michel Biero, directeur exécutif des achats et marketing de Lidl, « ce n'est pas des centaines et des centaines de produits, mais c'est vrai qu'il y a certaines multinationales qui jouent à ce jeu ». D'ailleurs, il décrit cette mesure comme étant du « vol ».
Selon un sondage réalisé à propos de cette nouvelle mesure, 72% des sondés affirment avoir remarqué un changement de quantité, avec des prix identiques aux précédents ou plus élevés pour certains. « Cette pratique est une manière peu transparente de faire monter le prix des produits. Et donc je soutiens la proposition de Bruno Le Maire qui consiste à rendre obligatoire une information sur les modifications de contenant », souligne Michel Edouard Leclerc, le président du comité stratégique du groupe de distribution Leclerc.
Vers une proposition de loi pour considérer la Shrinkflation comme une pratique « interdite et trompeuse »
D'autre part, Mathilde Panot, la cheffe des députés Insoumis, avait déclaré, en août, sa volonté de soumettre un projet de loi qui considère la Shrinkflation comme une mesure « interdite et trompeuse ». La France Insoumise semble donc s'opposer fermement à cette pratique, jugée injuste envers les consommateurs. « Cette pratique déloyale provoque au mieux une multiplication de déconvenues aussi surprenantes que désagréables lorsque le consommateur s'en rend compte. Au pire, elle accroît les difficultés financières de millions de Français », peut-on lire sur le texte du LFI.
Dans cette même optique, Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, a chargé le Conseil national de la consommation de faire des investigations sur cette mesure. L'enquête devrait se terminer en mars 2024. Toutefois, certains distributeurs ne comptent pas attendre la concrétisation de cette proposition de loi pour agir.
C'est notamment le cas du PDG de l'enseigne Carrefour, Alexandre Bompard, qui avait annoncé sur France 5 que les produits de l'enseigne afficheront désormais la mention « ce produit a vu son contenant baisser et son prix augmenté ». Cette mesure sera appliquée à partir du 11 septembre, dans le but de permettre aux consommateurs de reconnaître les produits sur lesquels la Shrinkflation a été appliqué.