Une nouvelle alerte sanitaire frappe la marque Perrier. Selon un rapport de l’ARS d’Occitanie relayé par Franceinfo, des bactéries pathogènes ont été retrouvées dans des lots produits sur le site de Vergèze, dans le Gard. Cette découverte s’inscrit dans la suite d’un précédent rapport confidentiel de l’agence régionale, qui recommandait déjà l’arrêt de la production d’eau minérale naturelle sur le site. Cette fois, l’ARS a demandé au préfet le retrait officiel du label, mettant en cause la conformité des procédés de filtration employés par Nestlé Waters.
Dans un courrier adressé au préfet du Gard, l’ARS détaille que 369 palettes, soit environ 300 000 bouteilles, ont été bloquées après la détection de bactéries pathogènes. L’agence considère que la microfiltration utilisée par Nestlé Waters, et dont l’usage a été assoupli en 2023, n’est plus conforme à la réglementation sur les eaux minérales. Ce procédé, bien qu’utile pour garantir la pureté microbiologique, constitue selon l’ARS un traitement désinfectant, incompatible avec le statut « eau minérale naturelle ».
Une affaire qui s’inscrit dans un contexte plus large
Ce nouveau signalement fait suite à une série de révélations concernant les pratiques du groupe Nestlé sur le site de Vergèze. Déjà en début d’année, Le Monde et Radio France avaient mis en lumière un rapport interne de l’ARS recommandant la cessation de l’exploitation du site sous l’appellation « eau minérale naturelle ». L’enquête avait mis en évidence des manquements dans la transmission des alertes sanitaires et une sous-déclaration des contaminations, entraînant la saisine de la justice par la DGCCRF pour des faits « pouvant relever d’infractions pénales ».
L’appellation « eau minérale naturelle » est encadrée strictement par le code de la santé publique. Elle garantit que l’eau provient d’une source reconnue pour sa stabilité en minéraux et sa pureté microbiologique, sans nécessiter de traitement chimique ou physique. Le retrait de ce label par les autorités sanitaires aurait un impact commercial majeur pour Perrier, dont la notoriété repose sur cette appellation. Cela pourrait aussi affecter la confiance des consommateurs à l’égard de l’ensemble du marché de l’eau embouteillée.
Le site industriel des bouteilles d’eau Perrier sous pression
Le site de Vergèze, où sont embouteillées les eaux Perrier depuis plus d’un siècle, emploie environ 1 000 salariés. En cas de retrait du label, Nestlé devrait revoir son positionnement marketing, et potentiellement réorienter sa production vers des eaux de table, soumises à un autre régime réglementaire. L’avenir de la marque dans sa configuration actuelle semble suspendu aux décisions que prendra le préfet du Gard, en lien avec les autorités sanitaires.
Ce nouvel épisode accentue les pressions autour de la transparence et de la traçabilité dans le secteur agroalimentaire, et pourrait ouvrir la voie à un durcissement des contrôles sur l’ensemble de la filière des eaux embouteillées en France.