Une étude menée par l’Ifop pour la CGT révèle que 68 % des Français sont favorables à l’organisation d’un référendum pour revenir à l’âge de départ à la retraite de 62 ans, une réforme de 2023 qui a provoqué un rejet massif. Cette enquête, réalisée en avril 2025, met également en lumière le désaveu populaire envers la réforme actuelle, alors que les discussions autour de la question sont dans l’impasse.
D’après l’étude menée début avril auprès de 2 023 personnes, 61 % des Français estiment qu’il faudrait revenir à 62 ans, un chiffre qui grimpe chez les salariés (73 %) et les ouvriers (83 %). Seulement 34 % des personnes interrogées préfèrent maintenir l’âge de départ à 64 ans, tandis que 5 % prônent une nouvelle hausse. Ce rejet massif montre la désapprobation de l’opinion publique face à cette réforme qui, malgré sa promulgation en 2023, reste un sujet explosif dans le débat public.
Le référendum : un moyen de rétablir la démocratie sociale
Le sondage met également en évidence que 65 % des Français voteraient pour abroger la réforme si un référendum avait lieu. Ce chiffre monte à 73 % chez les salariés, ce qui reflète l’ampleur du rejet de cette réforme auprès des catégories sociales les plus concernées par l’emploi et la retraite. La CGT, qui a commandé cette étude, soutient que l’opinion publique, notamment parmi les salariés, se sent démunie face à la réforme, et qu’un référendum pourrait être un moyen d’apporter une solution démocratique.
Les Français sont également hostiles à d’autres mesures envisagées pour financer le système de retraites. Plutôt que d’augmenter l’âge de départ, ils privilégient des solutions alternatives comme l’égalité salariale entre hommes et femmes (86 % des Français), la taxation des dividendes (82 %) et une hausse des cotisations patronales (76 %). Ces propositions rencontrent un large soutien et illustrent la volonté de nombreux Français de ne pas pénaliser davantage les actifs, notamment les ouvriers et les femmes.
La défiance face au système de retraite par capitalisation
L’étude révèle également une forte défiance envers le système de retraite par capitalisation, souvent évoqué comme alternative au système par répartition. Seuls 29 % des Français font confiance aux marchés financiers pour financer leur retraite, un scepticisme particulièrement marqué chez les ouvriers, avec 70 % d’opinions défavorables à ce modèle. Cette défiance s’est encore accrue après les pertes massives subies par les retraités américains, dont les pensions sont indexées sur les marchés financiers.
Malgré les critiques, une large majorité des Français continue de soutenir le modèle actuel de retraite par répartition, où les actifs financent les pensions des retraités. Selon l’enquête, ce modèle, fondé sur la solidarité entre générations, reste largement plébiscité par les citoyens, même si des réformes sont jugées nécessaires pour le rendre durable face aux défis démographiques de la France.
La réforme des retraites, et en particulier la hausse de l’âge de départ à 64 ans, continue de diviser profondément la société française. La demande d’un référendum sur le sujet reflète un désir de démocratie sociale et de participation populaire dans les décisions qui touchent le quotidien des citoyens. Alors que le gouvernement et les partenaires sociaux sont dans une impasse, il semble que la question du recul de l’âge de départ à la retraite restera un enjeu majeur du débat public.