La question du financement des retraites refait surface, alors que le président du COR, Gilbert Cette, anticipe un creusement du déficit. À défaut de nouvelles réformes, les comptes du système pourraient devenir plus déficitaires que prévu. Une réouverture des discussions est envisagée par le gouvernement pour trouver des solutions durables.
Les dernières prévisions du Conseil d’orientation des retraites, publiées en juin 2024, faisaient déjà état d’un déficit croissant. Celui-ci devait atteindre 0,4 % du PIB en 2030, puis s’aggraver à long terme pour dépasser 0,8 % du PIB. Mais la situation économique s’est dégradée plus rapidement que prévu, avec une inflation plus basse et une croissance ralentie, rendant les projections obsolètes.
Gilbert Cette a confirmé que le déficit pourrait se creuser encore davantage si aucune mesure corrective n’était prise. « Le système de retraite est sous pression », a-t-il expliqué. À court terme, l’équilibre des comptes dépendra largement de la capacité du gouvernement à adopter des réformes structurelles.
Le taux d’emploi des seniors, un levier qui soulagerait le système des retraites
L’un des principaux défis reste le faible taux d’emploi des seniors en France. Seuls 36 % des 60-64 ans sont encore actifs, contre 63 % en Allemagne et 65 % aux Pays-Bas. Cette situation pèse lourdement sur les recettes du système de retraite. Gilbert Cette estime que si la France atteignait le taux d'emploi des Pays-Bas, les recettes publiques augmenteraient de 140 milliards d’euros par an.
Le gouvernement pourrait donc encourager le maintien en emploi des seniors en mettant en place des dispositifs adaptés, tels que des incitations financières ou une réduction des contraintes administratives pesant sur l'embauche des travailleurs expérimentés.
Vers une suppression de l’abattement fiscal des retraités ?
Parmi les pistes évoquées pour combler le déficit, la suppression de l’abattement fiscal de 10 % accordé aux retraités est envisagée. Cet avantage permet aux pensions de bénéficier d’une réduction d’impôt spécifique, mais son coût pour les finances publiques est estimé à 4 milliards d’euros par an.
« Ce serait une mesure forte, mais équitable, car elle n’affecterait pas les retraités les plus modestes », a expliqué le président du COR. Une telle réforme pourrait faire partie des discussions à venir, bien que le sujet reste sensible sur le plan politique.
Face à cette situation préoccupante, le gouvernement souhaite rouvrir le dialogue avec les partenaires sociaux. Le Premier ministre François Bayrou a récemment proposé une série de discussions qui pourraient s’étendre jusqu’à l’été prochain. Ces échanges auront pour objectif de trouver des solutions pour assurer la viabilité du système de retraite à long terme, sans pour autant suspendre la réforme de 2023 qui a repoussé l’âge légal de départ à 64 ans.
Cette réouverture des débats montre que le dossier des retraites reste un sujet de tension majeur en France. La question du financement de ce pilier social semble incontournable, alors que les projections continuent d’alerter sur un déséquilibre croissant des comptes publics.
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