Deux chiffres subissent constamment les fluctuations de l’inflation et son corollaire, la hausse des prix. Il s’agit du seuil de pauvreté, fixé à 1 102 euros par mois, et celui d’une retraite « convenable » d’une personne vivant seule qui tourne, selon les estimations, autour de 1 531 euros. En pratique, les évaluations des instituts n'ont pas bougé, tandis que les prix n'ont pas cessé d'augmenter. Ce qui rend intéressant de savoir comment et à combien devrait être estimée la retraite d'une personne vivant seule.
Tandis que certains retraités vivant seuls ne touchent que 916,76, un montant en dessous du seuil de pauvreté, l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) estimait, en 2022, à 1 634 euros par mois le montant de la retraite décente pour cette catégorie. Pour calculer, les chercheurs établissaient que ces dépenses majeures comprennent la nourriture, le transport, les soins de santé et le logement.
Se basant sur la réalité de leur quotidien et contrairement aux estimations des instituts, beaucoup de Français estiment qu’une personne vivant seule a besoin d’au moins 2 600 euros de retraite par mois, pour mener une vie digne. Cette estimation est fondée sur les constats tirés du terrain, marqué par le contexte inflationniste.
Il faut dire que l'estimation d'une « retraite décente », avancées par l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES), établies avant la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, ne prennent pas en considération les multiples augmentations des prix survenues ces trois dernières années. Au mois d’avril, une enquête menée par Europe 1 révélait qu’à cause de la hausse des prix, les Français ont cessé de fréquenter certains rayons dans les magasins. Les étalages de produits de beauté, l’habillement et le textile ainsi que les jeux et les loisirs n’attirent plus, faute de moyens.
Attendre la prochaine réforme des retraites
« Les stratégies que les Français ont adoptées pour essayer d’amortir l'impact de l’inflation sur leur budget persistent. On a observé un seuil autour de trois euros. Tous les produits un peu chers, pas complètement indispensables, peuvent être sacrifiés. Le non-alimentaire en priorité », expliquait à la même radio, Emily Mayer, experte des produits de grande consommation et directrice des études chez Circana France. Ce constat de la chercheuse concerne les foyers dont les retraites sont largement supérieures à celles des personnes vivant seules.
Il faudra, probablement, attendre la prochaine réforme des retraites pour que ce paramètre de la fluctuation des prix soit pris en considération. Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, annonçait, le 27 septembre dernier, une prochaine augmentation des pensions des retraites qui ne s'appliquerait probablement qu'aux pensions de base.