Retraite : la commission des Finances rétablit l’abattement de 10 %

Les députés de la commission des finances ont rejeté la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite.

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C’est un nouveau revers pour le gouvernement. La commission des finances de l’Assemblée nationale a rejeté, ce mardi 21 octobre, la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite, une mesure clé du projet de loi de finances (PLF) 2026.

Le gouvernement souhaitait remplacer l’abattement de 10 % sur les pensions, actuellement plafonné à 4 399 euros, par un forfait unique de 2 000 euros. Dans le projet de budget, l’exécutif justifie cette modification par la nécessité de « corriger un effet anti-redistributif ». Selon lui, l’avantage fiscal profite principalement « aux foyers fiscaux imposables, en leur procurant, dans la limite d’un plafond, un avantage en impôt croissant en fonction des revenus ».

Mais cette proposition a rapidement suscité un tollé. Les députés de tous bords ont déposé des amendements identiques pour rétablir l’abattement actuel. À droite, le député LR Corentin Le Fur a dénoncé « l’acharnement » du gouvernement contre les retraités, rappelant qu’ils sont déjà « largement mis à contribution » avec le gel des pensions prévu dans le budget de la Sécurité sociale.

Du côté de la gauche, la députée LFI Claire Lejeune a fustigé « l’indignité d’un budget », qui « en refusant d’aller taxer les plus riches », préfère « aller taper sur les retraites ». Même son de cloche chez les socialistes : Philippe Brun a invoqué « l’égalité devant l’impôt » pour justifier le rejet de la mesure.

« Pénaliser les revenus des retraités de classe moyenne »

La proposition de suppression, défendue notamment par l’ancien Premier ministre François Bayrou, aurait eu pour effet de réduire l’impôt de certains retraités modestes, tout en l’augmentant pour les autres. Mais selon plusieurs députés, elle risquait aussi de « pénaliser les revenus des retraités de classe moyenne », comme l’ont dénoncé les élus Insoumis, estimant que « cette réforme comporte davantage de foyers perdants que gagnants ».

Le rapporteur général du budget, Philippe Juvin (Droite républicaine), a rappelé que cet abattement représente une dépense fiscale de 5,3 milliards d’euros par an et que « le dernier décile du revenu concentre à lui seul 30 % de son coût ». Malgré ce constat, il a lui aussi reconnu les limites de la réforme gouvernementale, jugeant qu’elle pouvait « avantager davantage les couples que les retraités isolés ».

Face à l’opposition unanime, la commission a supprimé l’article 6 du projet de loi de finances. Cinq amendements similaires ont été adoptés, émanant des Républicains, du Rassemblement national, de LFI et de l’Union des droites.

Guillaume Kasbarian accuse ses collègues de céder à « l’électoralisme » face aux retraités

Seul le député macroniste Guillaume Kasbarian a défendu la mesure, soulignant que « les retraités bénéficient déjà de nombreux avantages fiscaux » et qu’ils affichent « un taux d’épargne record ». Il a dénoncé « une classe politique » qui, « par pur électoralisme, refuse de toucher au moindre sujet qui concerne les retraités ».

Le gouvernement, de son côté, comptait sur cette réforme pour contribuer à l’effort budgétaire global prévu en 2026, estimé à près de 30 milliards d’euros. Malgré ce revers, le texte sera de nouveau examiné dans l’hémicycle à partir de vendredi, où les députés repartiront de la version initiale. Mais dans un contexte où l’exécutif ne dispose pas de majorité et a renoncé à utiliser le 49.3, rien ne garantit que cette mesure, jugée « anti-retraités » par plusieurs élus, pourra être rétablie

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