En pleine réflexion sur la politique migratoire, l’exécutif entend faire évoluer le rôle des étrangers en situation régulière sur le marché du travail. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a présenté ce 10 avril un ensemble de mesures visant à renforcer le contrôle des titres de séjour tout en répondant aux besoins de main-d’œuvre dans certains secteurs. La future circulaire à destination des préfets annonce un tournant dans l’articulation entre immigration légale et politique de l’emploi.
Le ministre auprès du ministre de l’Intérieur, François-Noël Buffet, a annoncé l’envoi imminent d’une circulaire aux préfets pour orienter les étrangers en situation régulière vers les métiers en tension. Cette mesure concerne environ 400 000 personnes actuellement au chômage. L’objectif est double : réduire la dépendance aux prestations sociales tout en répondant aux besoins de secteurs en pénurie, comme l’hôtellerie, le bâtiment ou les services à la personne. Cette orientation pourrait être intégrée dans les conditions de maintien du titre de séjour, selon les modalités qui seront précisées dans la circulaire.
Durcissement des conditions de naturalisation
Parallèlement à cette initiative, Bruno Retailleau a annoncé son intention de durcir les critères de naturalisation. « J’enverrai très prochainement aux préfets une circulaire pour durcir les conditions de la naturalisation », a-t-il déclaré ce jeudi 10 avril. Il considère que « le droit de séjour est une faveur », ce qui justifie, selon lui, l’instauration de conditions plus strictes pour l’obtenir. Cette logique vise à renforcer le contrôle de l’intégration des étrangers, en mettant en avant des critères comme la maîtrise de la langue, l’insertion professionnelle ou le respect des valeurs républicaines. Cette posture marque une évolution vers une approche plus conditionnelle de la présence légale sur le territoire.
Une coopération renforcée avec les pays d’origine
Dans ce contexte, le ministre a également évoqué sa volonté de renforcer les relations bilatérales avec certains pays, notamment le Maroc. Il prévoit de s’y rendre prochainement, muni de listes de noms d’étrangers en situation irrégulière que la France souhaite voir réadmis. Cette démarche vise à améliorer la maîtrise des flux migratoires, en renforçant les accords de réadmission. Bruno Retailleau insiste sur l’importance d’une « bonne relation » avec les pays tiers pour assurer l’efficacité des politiques de retour, comme le rapporte TF1.
Ces annonces s’inscrivent dans une stratégie plus large de maîtrise migratoire, en lien avec les débats en cours sur la politique d’immigration et d’intégration. Le ministre affirme ne pas vouloir entrer en polémique avec ses concurrents politiques, mais entend maintenir une ligne de fermeté sur les questions de séjour, de naturalisation et d’insertion professionnelle. Cette orientation, bien que contestée par certaines associations de défense des droits des étrangers, bénéficie d’un soutien croissant dans l’opinion, préoccupée par la pression sur le marché du travail et la cohésion sociale.