Alors que tout laisse penser que les prix du gaz devraient augmenter en raison des conflits au Moyen-Orient et en Ukraine, ainsi que de la situation très tendue en mer Rouge, les prix de cette énergie fossile continuent de baisser, atteignant des niveaux proches de ceux d'avant la crise.
Sur la principale bourse européenne, le TTF (Title Transfer Facility), le prix du gaz a effectivement chuté à 28 euros le mégawattheure (MWh) le 19 janvier dernier. Après avoir atteint les 55 euros/MWh en novembre dernier, les prix du gaz n'ont fait que reculer. Sur le marché à terme, où les transactions sont conclues pour une livraison future (de 3 mois à 5 ans, avec des tarifs fixés dès la signature du contrat), la tendance est également à la baisse. Le jeudi 18 janvier, le prix d'1 MWh de gaz livré en février ou en mars 2024 s'élevait à moins de 29 euros. Pour l'hiver 2025, il fallait se positionner sur un prix de 33,5 euros/MWh, un montant très proche des niveaux d'avant la crise.
Pourquoi les prix du gaz continuent-ils de reculer ?
Tout d'abord, cette baisse des prix du gaz est attribuable à une diminution de la consommation. « La consommation de gaz de l’UE a chuté de 8 % sur un an. D’avril à juin 2023, (cela) a encore diminué (à 65 milliards de mètres cubes) et est resté en dessous de la fourchette quinquennale de consommation de 2017 à 2021 », a indiqué la Commission européenne dans son rapport trimestriel sur le marché du gaz le 7 décembre dernier. Selon les chiffres de l'Institut Bruegel, comparée à la période 2019-2021, la consommation de gaz dans le vieux continent a reculé de 12 % en 2022, puis respectivement de 18 % et 20 % au premier et au second semestre de 2023.
De plus, la demande de gaz en Europe a également connu un recul. En France, cette baisse de la demande de gaz est principalement due à une diminution de 46 % de l'utilisation du gaz dans la production d'électricité. Selon les chiffres de Bruegel, la demande de gaz en Europe a, en effet, baissé de 22 % en moyenne en septembre 2023 par rapport à 2019-2021 (-19 % en France). La hausse des importations de gaz naturel liquéfié y est également pour beaucoup. En effet, « En 2023, l’UE était le premier importateur mondial de GNL, avec une part de 22 % des importations mondiales de GNL au deuxième trimestre, devant la Chine (18 %) et le Japon (15 %) », selon la Commission dans son rapport de décembre. Par ailleurs, les réserves souterraines de gaz de l'Europe s'élevaient à 77,5 % au 19 janvier, d'après les données de Gas Infrastructure Europe. Au début de la guerre en Ukraine, les pays européens avaient en effet décidé d'augmenter ces réserves afin de garantir un approvisionnement suffisant.
Quel impact sur les factures des français ?
Une taxe répondant au nom de Tarif normal de l'accise sur les gaz naturels à usage combustible a vu son montant doubler, passant de 8,45 euros du mégawattheure (MWh), à 16,37 euros le 1er janvier de l'année en cours. Les consommateurs français devront donc payer le gaz plus cher.
Toutefois, la baisse du prix repère du gaz annoncée par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) devra atténuer cette hausse des tarifs. En effet, le prix repère du gaz sera à nouveau en repli en février, avec un prix de 0,09851 euro TTC pour les ménages utilisant le gaz pour se chauffer, et 0,12144 euro par kWh pour les foyers dont l'offre comprend l'eau chaude et la cuisson.