La France traverse une crise concernant le métier de conducteur. Le secteur du transport routier fait face à une pénurie alarmante de conducteurs. En 2023, 22 000 postes étaient vacants, un chiffre qui pourrait atteindre 70 000 d’ici dix ans. Salaires, conditions de travail et démographie défavorable expliquent ces difficultés, qui menacent l’équilibre logistique en France.
Depuis plusieurs années, le secteur du transport routier peine à attirer de nouveaux candidats. Selon une étude de l’Union des entreprises de transport et logistique de France (Union TLF), près de 40 % des entreprises du secteur déclarent des difficultés de recrutement. En 2023, 22 000 postes de conducteurs étaient non pourvus, une situation qui pourrait s’aggraver, avec une estimation de 70 000 postes vacants d’ici 2033.
Ce manque de renouvellement s’explique par un déséquilibre démographique : pour 10 départs à la retraite, seules 3 nouvelles recrues prennent la relève. Cette situation est aggravée par une demande croissante de services de livraison, notamment due à l’essor du commerce en ligne.
Des conditions de travail dissuasives pour le métier de conducteur routier
Si les salaires ont été augmentés de 17 % en deux ans, ils ne suffisent pas à résoudre le problème. Nancy Noël, déléguée générale adjointe de l’Union TLF, souligne que la rémunération, bien qu’importante, ne règle pas les problèmes structurels. Les conditions de travail difficiles, comme le manque d’accès aux toilettes chez certains clients, le déficit de parkings sécurisés sur les aires d’autoroute, ou encore des horaires contraignants liés aux zones à trafic limité, découragent les vocations. « Certains clients n’autorisent même pas l’accès aux toilettes pour les conducteurs, il y a un manque de considération. », a dénoncé la déléguée générale adjointe de l’Union TLF, relaye Capital.
Cette absence de considération pour les chauffeurs, combinée à des contraintes logistiques de plus en plus exigeantes, contribue à ternir l’image du métier, malgré ses rôles essentiels dans la chaîne économique.
La pénurie de candidats ne se limite pas au transport routier : d’autres secteurs également touchés par des difficultés de recrutement augmentent la concurrence sur le marché de l’emploi. Avec un ratio de 1,4 candidat par offre à l’été 2024, contre 2 candidats il y a une décennie, les entreprises peinent à convaincre, même en proposant des avantages comme un treizième mois.
Quelles solutions pour redresser la situation ?
Selon Nancy Noël, il n’existe pas de solution unique. Si des efforts sur les salaires et les avantages sociaux sont nécessaires, une amélioration des conditions de travail et une meilleure reconnaissance du métier pourraient attirer davantage de candidats. Investir dans des infrastructures adaptées, telles que des parkings sécurisés, et sensibiliser les employeurs à l’importance du bien-être des chauffeurs sont des pistes privilégiées.
Pour répondre à cette crise, le secteur devra aussi redoubler d’efforts en matière de formation et de valorisation du métier, afin de séduire une nouvelle génération de conducteurs. Sans cela, la pénurie pourrait continuer à fragiliser le transport logistique, secteur clé de l’économie française.