Pénurie et prix d’énergie cet hiver en France : quels risques à craindre ?

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Pénurie et prix d'énergie cet hiver en France : quels risques à craindre ?
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Suite aux sanctions occidentales appliquées contre la Russie après son invasion de l’Ukraine, le pays dirigé par Vladimir Poutine a drastiquement réduit ses exportations de gaz vers l’Union européenne. En 2022, la livraison de gaz en Europe a baissé de 80 % dans l’UE, induisant une crise énergétique majeure. Frappée de plein fouet par la pénurie, la France craint une nouvelle crise en prévision de l’hiver 2023/2024. Les trois géants de l’énergie de France (TotalEnrgie, EDF, Engie) ont des opinions divergentes sur la question.

Approvisionnement en gaz : la France doit-elle activer son plan d’alerte ?

À l’issue de la rencontre économique d’Aix-en-Provence, Patrick Pouyanné, le PDG de Total Energie a soulevé la situation des stocks en gaz en France : « Les stocks (de gaz) seront pleins en octobre, mais nous n’avons pas assez de capacité de stockage en Europe pour passer l’hiver s’il fait froid », a-t-il prévenu. De son côté, Catherine McGregor, la dirigeante du groupe gazier Engie, a tenu un discours plus rassurant : « Les stocks sont pleins, on envisage l’hiver avec sérénité », a-t-elle assuré.

Pour le président de TotalEnegie, l’inquiétude est justifiée par une éventuelle flambée des prix qui pèse sur la cohésion sociale. Selon lui, avec une consommation de gaz accrue dans le monde, l’approvisionnement n’est pas problématique autant que le prix : « En cas d’hiver rigoureux, il faudra faire venir du gaz naturel liquéfié, que nous avons payé cher l’an dernier pour le piquer à d’autres pays. On le ramènera, mais à un prix plus élevé (…) vous aurez tous du gaz et vous aurez chaud, quant au prix, on verra », a-t-il averti.

Pour rappel, l’hiver dernier en France a été marqué par une sévère pénurie, due principalement au conflit russo-ukrainien, mais aussi au dysfonctionnement d’une partie des réacteurs nucléaires. C’est ce qu’a évoqué Luc Rémont, le PDG d’EDF, qui s’attend à une saison hivernale 2023/2024 moins mouvementée. « La production d’électricité remonte. Nous pouvons aborder l’hiver prochain avec sérénité », a-t-il affirmé.

Transition énergétique : qu’en pensent les géants de l’énergie en France ?

La transition énergétique était au centre des prévisions des trois leaders du marché de l’énergie en France. Pour Luc Rémont, son approche est axée sur l’électricité. « Nous devons regarder toutes les technologies qui permettent la décarbonation. Et parmi celles-ci, l’électricité décarbonée a le plus fort potentiel », a-t-il déclaré. « Le nucléaire est à ce jour la seule technologie qui permette de le faire à l’échelle des besoins », a-t-il ajouté.

De son côté, le plus grand leader du gaz en France, Engie, pense qu’aucune alternative ne pourrait remplacer totalement le gaz, surtout en ce qui concerne les moyens de transport et l’industrie : « On ne va pas tout faire en électrifiant. On va avoir besoin de garder une molécule », déclare Catherine MacGregor. « Aujourd’hui, c’est du gaz fossile. Demain, on passera au biogaz, au biométhane, car la molécule apporte la robustesse nécessaire au système énergétique », précise-t-elle.

Si Engie propose une alliance entre l’électricité et le gaz, TotalEnergie ne sort pas des sentiers battus. Son PDG affirme, en effet, que l’unique solution pour sortir des situations de crise, comme celle qu’a connue la France durant l’hiver dernier, est d’investir dans les énergies fossiles. « Ce qui pilote tous nos choix, c’est le coût de l’énergie. Or, une leçon de l’année dernière, c’est qu’il y a eu un choc de prix, ce qui fait que le système a tenu, c’est le gaz. Il faut garder cela en tête », estime-t-il.

Selon le responsable, la consommation de gaz ne baissera pas de sitôt. « Un gisement de pétrole perd un peu de sa production chaque année. Si nous n’investissons pas, la production passera de 100 à 96, alors que dans le même temps, le besoin augmente à 102 », s’inquiète-t-il.

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