L’échec de la plateforme « Gérer mes biens immobiliers » : un million de contribuables imposés à tort

La plateforme « Gérer mes biens immobiliers » (GMBI), censée simplifier les déclarations des propriétaires, s’est transformée en véritable casse-tête. Un rapport accablant de la Cour des comptes dévoile des coûts explosifs et une gestion chaotique ayant conduit à l’imposition injustifiée de plus d’un million de contribuables. Entre incompréhensions et défaillances, cet outil numérique laisse l’État avec une facture colossale et une crédibilité ébranlée.

Publié le
Lecture : 2 min
Une main tient une clé et une silhouette de maison en carton, symbolisant le secteur immobilier
L’échec de la plateforme « Gérer mes biens immobiliers » : un million de contribuables imposés à tort | Econostrum.info

En 2023, l’administration fiscale lançait « Gérer mes biens immobiliers », une plateforme ambitieuse destinée à moderniser les déclarations des propriétaires. Mais ce projet, décrit comme un outil révolutionnaire, s’est heurté à des écueils majeurs, coûtant cher aux finances publiques et suscitant de nombreuses critiques.

Selon le rapport de la Cour des comptes publié ce jeudi, le lancement de GMBI s’est révélé être un échec retentissant. Conçu sur une période de six ans, le projet a été marqué par une préparation insuffisante et une mauvaise anticipation des coûts. Initialement estimé à environ 10 millions d’euros, le coût final de la plateforme, assorti de mesures d’urgence, a atteint 57 millions d’euros.

Ces dépassements budgétaires incluent le recrutement de vacataires, des primes pour les agents fiscaux et la mise en place d’équipes dédiées pour gérer les difficultés rencontrées par les utilisateurs, des mesures d’urgence qui traduisent l’ampleur des dysfonctionnements rencontrés dès le lancement de la plateforme.

Une cascade d’erreurs fiscales

L’objectif principal de GMBI était de collecter des données fiables sur l’occupation des 38 millions de logements en France après la suppression de la taxe d’habitation. Cependant, l’administration fiscale n’a pas pu disposer de données robustes à temps en raison d’incompréhensions massives de la part des contribuables.

Conséquence : plus d’un million de contribuables ont été indûment imposés à la taxe d’habitation ou à la taxe sur les logements vacants, entraînant un coût de 1,3 milliard d’euros pour corriger ces erreurs. Cette somme représente un tiers des recettes générées par les taxes concernées en 2023, aggravant encore davantage la pression sur un budget déjà sous tension.

Malgré trois reports successifs de la date limite, seuls 54 millions de locaux sur 71 millions ont été recensés, soit 73 % du total attendu. La plateforme n’a pas su répondre aux attentes initiales et a semé la confusion parmi les contribuables, déjà perturbés par la nouvelle obligation déclarative et le risque d’amendes en cas de manquement.

Une lueur d’espoir pour l’avenir de la plateforme « Gérer mes biens immobiliers » ?

Malgré ce bilan accablant, la Cour des comptes conclut sur une note optimiste. À terme, GMBI pourrait devenir un outil performant, capable de fournir des données essentielles pour les politiques publiques liées au logement. Mais pour cela, l’administration devra tirer les leçons de cet échec et mieux anticiper les besoins des usagers.

Cet épisode souligne l’urgence d’une meilleure gestion des projets numériques publics, où les attentes technologiques doivent être alignées avec des capacités de déploiement réalistes.

Laisser un commentaire

Partages